Ce soir, tu ne montes pas sur scène. Et tu dois bien avouer que c'est un immense soulagement. Tu as de plus en plus de mal à le faire. A accepter ta condition. Depuis que tu es allée voir William pour t'excuser, qu'il a accepté tes excuses et que les choses ont dérapé dans son bureau, tu dois bien l'avouer. Tu ne sais pas quoi attendre de votre relation. Ce que tu sais, c'est que tu ne peux pas le voir sortir de ta vie. Te passer de lui... Tu as des sentiments forts à son égard. Suffisamment pour ne plus être à l'aise à l'idée de danser pour d'autres hommes, même s'il s'agit de ton gagne pain. Mais tu n'as pas le choix. Tu as besoin du salaire que l'on t'offre ici et dont la somme n'est pas négligeable... Alors oui, dès que tu peux éviter de te déshabiller, tu le fais. Et en bonus, quand tu ne montes pas sur scène, tu peux t’habiller comme tu veux. Certes, il faut un certain standing, c'est écrit dans le contrat. Mais tu n'es pas obligée de porter une tenue trop sexy et affriolante. Aujourd'hui, tu as donc opté pour une petite robe noire qui met tes jambes en valeur. Rien d’excentrique, si ce n'est les morceaux de tissus manquants et qui laissent apercevoir le bandeau, noir lui aussi, qui recouvre ta poitrine.
Ce soir, la tâche qui t'incombe est de t'occuper des possibles recrues. Des filles que tu as vu lors d'un entretien, cherchant à définir leur potentiel et leur motivation à faire un job comme celui-là. Tu as gardé le nom et les coordonnées de quelques unes, que tu as décidé de rappeler pour les voir à l’œuvre ce soir. Il n'y a pas grand monde encore, parfait pour se faire une idée sans qu'elles soient trop intimidées par les regards lubriques des clients. L'une d'entre elle est d'ailleurs en train de montrer ses talents en ce moment même. Tu la regardes d'un œil qui se veut sérieux, presque professionnel. Carnet et stylo à la main pour noter ses points forts et ses faiblesses. sous son prénom. Tu sais que Stan a certaines attentes concernant ses filles et tu ne veux pas le décevoir. Tu prends ton nouveau rôle à cœur. Tête plongée dans ton carnet alors que tu écris quelque chose, tu ne remarques pas la belle brune qui rentre dans le club. Mais si toi tu n'y prêtes pas attention, ce n'est pas le cas de certains clients. Faut dire que les femmes se font rares ici. En dehors des employées... Pour autant, tu es dans ta bulle, bien trop concentrée par ce que tu fais. Danse de la demoiselle finie, elle descend du mauvais côté. Tu te précipites vers elle et, quand elle n'est plus sur scène, tu ne manques pas de faire une remarque. Pourtant, tu te veux rassurante. Tu n'avais pas précisé comment elle devait procéder et, de ce fait, tu te sens un peu coupable de ce faux pas. Tu décides donc de ne pas lui en tenir rigueur. Déjà que la situation n’est pas évidente... Rouge qui lui monte aux joues, tu continues de la déculpabiliser alors que tu l’entraînes, une main dans son dos, vers les coulisses. Vous passez devant le bar et c'est là que tu remarques la jeune femme. Son visage ne te dit rien. Tu t'approches d'elle sans attendre. « Bonjour ! Vous êtes ici pour le post ? » que tu lui demandes, avenante et avec le sourire. Le fait de ne pas l'avoir vue en entretien individuel ne te met pas la puce à l'oreille. Tu te dis qu'elle a décidé de se déplacer directement en espérant avoir une entrevue. L'idée qu'elle puisse être cliente des lieux ne t'effleure pas le moins du monde l'esprit.
Dernière édition par Charlie Alvarez le Mar 26 Jan - 17:20, édité 14 fois
Tu essayes de faire au mieux avec les filles dont tu as la charge, et notamment les potentielles nouvelles recrues. Tu te montres souriante et avenante. Tu essayes de les rassurer afin de leur faire voir ce job sous un autre angle. La plupart des filles ici ne sont pas là par choix, mais bien tout le contraire. Et tu sais que ces nouvelles demoiselles ne font pas exception. Alors, tu fais de ton mieux pour rendre la chose moins pénible… L’une d’entre elle est en train de faire étalage de ses talents sur la scène. Tu la regardes avec attention, griffonnant quelques notes dans ton carnet à côté de son prénom. Quand elle a fini, elle se trompe de côté et bien sûr, tu te précipites à sa rencontre. Elle est gênée et mal à l’aise, les joues devenues cramoisies. Certainement veut-elle s’enterrer dans un trou pour ne plus en sortir. Alors que tu te veux, encore une fois, rassurante, lui affirmant que ce n’est pas grave et que ce sont des choses qui arrivent. Que ce n’est pas la première à le faire et sûrement pas la dernière, tu entends pouffer dans ton dos. Sans attendre, tu te retournes vers la source et tu lances un regard noir. Tu ne tolèreras pas la moquerie des unes envers les autres. Encore moins alors que, présentement, elles débutent toutes. Le petit groupe de nouvelles recrues ne paye pas de mine, baissant les yeux de honte, et tu te dis que le message est passé. « Cinq minutes de pause et on reprend ! » que tu annonces alors qu’une silhouette féminine attire ton attention vers le bar. Sans attendre, tu te diriges vers l’inconnue, persuadée qu’elle ici pour le recrutement. Tu ne te dis pas du tout qu’il pourrait s’agit d’une cliente. Ce genre de chose n’arrive jamais ici. Ou alors, assez rarement pour que tu n’en ais encore jamais été témoin.
Apparemment, tu as vu juste. La brune semble connaître l’une des danseuses du club qui lui a parlé des places à pourvoir et elle a cité ton nom. « Je suis Charlie, enchantée ! » que tu te présentes, ton sourire qui s’élargit. Rapidement, tu regardes ta montre. Tu n’attendais pas ce genre d’imprévu dans ton planning. Subitement, tu sembles dans l’embarras. « Rah, je n’avais pas prévu de faire des entretiens aujourd’hui ! » que tu avoues alors, te passant une main dans les cheveux. Tu regardes autour de toi, avant de regarder ta montre encore une fois, puis te gratter la joue. Tu sembles faire un calcul, réfléchissant à comment tu pourrais goupiller le tout pour que l’inconnue n’ai pas fait le déplacement pour rien. « Si ça vous va, on peut faire ça ici ? » que tu lui proposes, alors que tu prends place à côté d’elle. Le club est encore relativement calme à l’heure actuelle, vous ne serez pas dérangées. Et de toute façon, si elle veut le poste, elle n’a pas le choix. Appuyant sur l’arrière de ton stylo pour en sortir la mine, tu tournes la page de ton bloc note pour en avoir une vierge et ainsi noter les informations au sujet de cette demoiselle. « Très bien. Nom, prénom, âge, et pourquoi vouloir travailler chez nous ? » que tu énonces alors, relevant le visage vers elle, prête à noter les informations.
Tu ne te doutes pas un seul instant avoir la meilleure amie de William en face de toi. Cette fameuse femme avec qui il a entretenu une relation hors normes pendant longtemps et pour laquelle tu nourris une certaine jalousie, sans même l’avoir rencontrée ni même la connaître. Tu penses sincèrement que cette brune est là pour la place de danseuse qui est vacante au club. Rares sont les clientes ici, voire carrément inexistantes. Alors tu es sûre de toi lorsque tu l’abordes. La jeune femme te conforte dans cette idée, affirmant qu’une postulante lui a donné ton nom. Tu trouves la démarche étrange mais après tout, pourquoi pas ? Mais tu n’avais pas prévu d’entretien aujourd’hui… Bien embêtée, tu optes pour une solution de dernière minute, à savoir faire l’entretien ici-même, au bar, pendant que les filles dont tu as la charge sont en pause. Histoire qu’elle ne se soit pas déplacée pour rien jusqu’ici. T’installant près de l’inconnue, tu appuies sur l’arrière de ton stylo pour en sortir la pointe, t’apprêtant à écrire sur ton bloc-notes ce que la demoiselle va te dire. Tu souris face aux compliments qu’elle te fait. Un sourire en coin, presque timide, alors qu’au fond, tu sais qu’elle essaye de te mettre dans sa poche pour avoir la place. Mais ça ne marchera pas. En premier lieu, tu lui demandes de décliner son identité. Regard qui oscille entre son visage et ta feuille vierge, tu écoutes attentivement ce qu’elle te dit tout en l’écrivant. Tu écris son nom, son prénom, son âge. Le tout agrémenté de la note "perte d’emploi’" « Oh, désolée. » que tu t’excuses, te montrant empathique. « Vous travailliez où avant ? » que tu demandes rapidement ensuite, afin de voir si elle ne vient pas d’un club rival. Si tel est le cas, il faudra que tu te renseignes auprès de ce dernier, pour savoir s’il n’y a pas des choses que cette demoiselle te cache. Comme des fautes graves qui auraient pu la mettre à la porte ou tout le contraire, si elle a démissionné. Chose peu probable vue ce qu’elle vient de te dire. « Pourquoi je vous prendrais vous plutôt qu’une autre ? Qu’est ce que vous avez de plus que les autres filles ? Que votre amie par exemple? » que tu finis par l’interroger ensuite avec sérieux, attendant qu’elle mette ses points forts en avant. Curieuse de savoir ce qui la différencie du reste des candidates. Tu prends ton rôle à cœur, avec cette drôle d’impression de faire passer un entretien pour un poste haut placé dans une grande boîte. Attendant ses réponses, tu la détaille l’air de rien. Elle semble grande et élancée, possédant tous les atouts là où il faut. Pour sûr que si tu la prends, elle ravira plus d’un client. Un léger frisson de dégout te parcourt lorsque tu imagines un bref instant ce que ces derniers voudraient lui faire…. Une pensée fugace que tu chasses tout aussi vite. « Vous avez un mari ? Des enfants ? » que tu questionnes ensuite, afin d’en savoir plus sur sa vie personnelle. Difficile de concilier vie sentimentale et horaires de travail ici puisque ces derniers se font en décalé. La plupart des filles, si ce n’est toutes, sont célibataires, leur moitié les ayant quittées car n’acceptant pas le fait qu’elles se dénudent pour d’autres hommes afin de gagner leur vie. Finalement, tu fais partie des rares chanceuses. William ne t’a jamais fait aucune remarque sur ton travail et ne t’a pas posé d’ultimatum à ce sujet. Du moins, pour le moment…
Tu essayes de te montrer à la hauteur de la tâche qui t’es confiée. Professionnelle, tu ne laisses rien paraître, gardant un sérieux à tout épreuve. Tu sais que tu vas devoir t’immiscer dans la vie privée de cette demoiselle, afin de savoir si elle convient pour le poste ou non. Mais pour l’heure, tu débutes avec des questions simples, en surface. Rapidement, tu apprends que la brune a perdu son job, ce pourquoi elle vient postuler ici. Si, dans un premier temps, tu te dis qu’elle aurait très bien pu retrouver un travail en tant que serveuse ou autre métier plus correct, tu te dis que l’appât du gain a dû la décider. Faut dire qu’ici, le salaire n’est pas dégueu, bien au contraire. Du moment qu’on met sa fierté et son amour propre de côté… Si toi tu es ici, c’est bien parce que tu peux danser, ta passion première. C’est ce qui se rapproche de plus de ce que tu aurais aimé faire… Sans diplôme quel qu’il soit, difficile de se faire embaucher alors, dès que l’occasion s’est présentée pour te sortir de la rue, tu n’as pas hésité bien longtemps… désormais, et depuis que tu es en couple, tu vois les choses différemment. Tu n’es pas idiote et tu sais qu’un jour ou l’autre, ton boulot va entrer en ligne de compte et faire des remous. « Je vois… » que tu te contentes de répondre lorsque la jeune femme affirme avoir été harcelée au travail. C’est tellement devenu une banalité de nos jours que même toi tu n’es plus surprise lorsqu’on te dit ça. Griffonnant quelques mots sur ton carnet, tu t’enquiers rapidement de savoir quels sont ses points forts par rapport aux autres filles. Cette Sarah respire l’assurance saupoudré d’un peu d’arrogance. Elle sait qu’elle plaît aux hommes, et le fait savoir sans sourciller. D’ailleurs, les clients semblent confirmer ses dires car, lorsque tu jettes un coup d’œil vers ces derniers, certains curieux vous regardes et plus particulièrement la brune, avec un regard qui en dit long. Lorsque tu remarques cela, tu ne peux réprimer une grimace de dégoût. Une expression furtive qui vient déformer tes traits avant que tu ne reportes ton attention sur cette fameuse Sarah. « Vous êtes une belle femme, je ne peux pas dire le contraire » que tu réponds avec un sourire sincère. Elle est même au-dessus du lot. Remarque que tu gardes pour toi, alors que tu te demandes encore ce qu’elle fait là car plus tu l’observes et plus tu te dis qu’elle n’a rien à faire ici.
Suite de l’entretien, tu poses les questions un peu plus indiscrètes. Rapidement, tu sens Sarah se braquer. Si cela ne tenait qu’à toi, tu passerais cette partie mais tu n’as pas le choix. Tout ce que tu écris, les candidates que tu retiens et leurs photos, irons sur le bureau de ton patron qui sera le seul à décider du choix final parmi ta sélection. « Désolée, mais je n’ai pas le choix. La réponse à ces questions peut faire pencher la balance en votre faveur ou non » que tu commences à expliquer sur un ton calme et posé. « Vous êtes flexible et c’est un bon point. Mais si par exemple vous êtes mère célibataire, eh bien cela risque de poser problème. » que tu poursuis sur le même ton, plantant tes prunelles dans les siennes sans sourciller. « Je ne demande pas les détails, juste savoir si vous êtes seule ou en couple, avec des enfants ou non » que tu ajoutes en affichant un sourire qui se veut, malgré tout, rassurant et pour l’inciter à t’en dire d’avantage, parce que tu sens bien qu’elle n’est pas à l’aise à l’idée d’aborder cette partie.
Rapide coup d’œil à la montre qui orne ton poignet gauche, tu réalises alors que la pause de cinq minutes que tu as accordée aux filles vient de se terminer. Le temps a filé à tout allure et un regard en arrière t’informe que les demoiselles attendent ton retour pour poursuivre les essais sur scène. Focalisant à nouveau ton attention vers Sarah, c’est une mine désolée que tu affiches après qu'elle ait donné réponse à tes questions. « Je suis désolée mais on va devoir écourter cette entrevue » que tu annonces alors en te levant. « Mais peut-être avez-vous le temps pour faire un essai maintenant ? » que tu demandes alors, souhaitant voir ce qu’elle vaut une fois à l’œuvre. Après tout, elle est sur place. Arrivée pile au moment où les filles commençaient leurs essais sur scène alors, pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups plutôt que de lui demander de revenir une autre fois ? Surtout que cela signifierait prendre le risque de sélectionner une autre fille aujourd’hui avant même de l’avoir vue en action et pour toi, elles méritent toutes d’avoir leur chance.
Tu ne sais pas quoi penser de cette jeune femme. Atout charme indéniable qui fera tourner plus d’une tête, tu n’accroches pour autant pas vraiment. Beaucoup trop énigmatique, avec beaucoup trop de répondant. Pas que ça te dérange réellement ai fond, les femmes avec du caractère son bien plus intéressante et toi-même tu n’en manques pas. Mais tu sais que pour ce travail il faut faire la part des choses et souvent prendre sur soi, chose dont tu ne penses pas capable cette fameuse Sarah. Il suffit de voir sa façon de répondre à tes questions. Plus cette entrevue avance, et plus tu as un mauvais feeling avec cette fille. Pour autant tu restes calme et avenante. « Chacun est libre de faire ce qu’il veut de sa vie privée. Seulement les enfants tombent souvent malades par exemple et là, ça peut devenir un problème, en particulier quand l'autre ne fait plus partie de l’équation » que tu réponds d’une voix posée pour expliquer un peu la façon de procéder du club. Ce boulot n’est pas de tout repos. Loin d’être reluisant, la paye est pourtant attractive. Mais les filles oublient souvent les horaires décalés qu’il faut faire sans rechigner. Et écourter ses horaires parce qu’il faut aller chercher les enfants à l’école n’est pas très bien vu ici. « D’ailleurs, même être en couple peut finir par poser un problème » que tu crois bon de préciser alors. Tu sais à quel point certains hommes (et même des femmes au fond) peuvent se montrer jaloux et ne pas apprécier voir leur moitié se dénuder sur scène. Ce que tu comprends sans mal. Heureusement pour toi, il n’en est rien avec William. Ou du moins, il n’a rien laissé paraître… Tu notes les informations qu’elle te donne, à savoir en couple sans enfants. L’expression de ton visage change quelque peu lorsqu’elle semble affirmer ne pas vouloir de gamins. Tu arques un sourcil et pourtant tu ne dis rien. Tu respectes ce choix, qui n’est pas le tien. Bien qu’avoir des enfants n’est pas dans tes projets de vie pour le moment mais tu espères bien pouvoir fonder une famille un jour. « Vous lui avez dit que vous postuliez pour ce job ? » que tu demandes alors, parlant bien évidemment de la personne avec qui elle partage sa vie. « Je veux dire. Ce n’est pas juste danser sur scène. Il faut s’effeuiller » que tu crois bon de préciser. Après tout, elle est arrivée comme un cheveu sur la soupe à la suite des dires de l’une de ses amies qui a postulé alors peut-être qu’elle ne l’a pas mis au courant de ce genre de détail.
L’heure file à une vitesse folle et tu dois écourter cet entretien. Pour autant, tu aimerais voir ce qu’elle vaut sur scène. Tu ne peux nier le regard des hommes qui la fixent avec insistance depuis tout à l’heure et dont tu essayes de faire abstraction. Elle semble prête à jouer le jeu et tenter sa chance. Léger sourire qui s’affiche sur tes traits. Tu t’apprêtes à lui dire que la scène est tout à elle mais elle te coupe dans ton élan. Hochement de tête que tu lui offres pour l’inviter à poser cette fameuse question qui semble lui brûler les lèvres. Et tu souris. Un sourire faussement sincère car au même instant tu te demandes comment elle est au courant pour les extras. Ce n’est dit nulle part et tu as la charge de briefer les filles sur ces suppléments parfois demandés et qu’elles peuvent bien évidemment refuser. « Vous pouvez être demandée pour des danses en privé dans les salons VIP. » que tu te contentes de lui dire, sans en révéler trop. Tu le feras le moment venu, si jamais tu la choisis pour occuper le poste. Mais quoiqu’il en soit, elle peut comprendre par elle-même au vu de l’ambiguïté de la phrase prononcée et du regard plein de sous-entendus que tu lui lances. « Des règles s’appliquent bien sûr, pour garantir la sécurité des filles. » que tu crois bon de préciser pour qu’elle n’imagine pour autant pas tout et n’importe quoi. Coup d’œil vers la scène. « Voulez-vous toujours faire un essai malgré tout ? » que tu lui demandes alors, maintenant qu’elle en sait un peu plus et notamment, qu’il ne s’agit pas seulement de bouger ses fesses sur scène. « Il n’est bien évidemment pas obligée de vous dénuder entièrement » que tu ajoutes alors pour clarifier les choses puisque pour ce coup d’essai, il n’est pas nécessaire qu’elle finissent totalement nue sur l’estrade.
Tu hoches la tête lorsqu’elle explique un peu sa situation familiale. Tu ne peux que comprendre et approuver ses dernières paroles. Cela reste de la danse malgré tout. Voilà pourquoi tu es encore ici. Voilà pourquoi tu t’accroches à ce job. Parce qu’il te permet de danser, de pratiquer ta passion. Il te permet de ne pas perdre la main, tout en ayant un salaire plus que convenable et ainsi mettre de l’argent de côté chaque mois. En espérant un jour peut-être pourvoir réaliser ton rêve et rejoindre le Royal Ballet School. Ce pourquoi tu es venue à Londres et pas ailleurs… Certes, il y a d’autres aspects du métier que tu n’aimes pas et pour lesquels tu n’as pas ton mot à dire, comme les danses en privée dont tu te passerais bien mais auxquelles tu n’as malheureusement pas d’autre alternative. Mais heureusement, vous avez une certaine sécurité ici et le choix d’aller plus loin ou pas lorsque le client se montre un peu trop entreprenant. Tu sais que dans d’autres endroits ce n’est pas le cas. De la prostitution déguisée, voilà ce que c’est… Et devoir vendre ton corps, tu as déjà connu ça. A l’époque où tu faisais le trottoir et que tu as fini par franchir la ligne rouge pour pouvoir survivre… Une partie de ton histoire dont tu ne préfères pas te souvenir. Désormais reléguée au passé mais qui malheureusement pour toi n’es pas si lointaine... « La sécurité des filles est une priorité ici » que tu ajoutes pour appuyer tes propos et rassurer encore d’avantage cette candidate et peut-être future employée… D’ailleurs, votre temps est écoulé, et tu te dois vraiment d’écourter l’entretien. Tu ne peux pas faire autrement car les filles t’attendent derrière pour continuer les essais sur la scène.
Malgré tout, tu lui proposes de faire aussi un essai. C’est le jour où les filles sélectionnées montrent ce qu’elles ont dans le ventre alors, autant en profiter. Cette Sarah a tout pour plaire physiquement et a coché tous les critères sans difficultés. D’ailleurs, tu ne doutes pas qu’elle a un talent certain pour danser et se montrer sensuelle. Malgré tout, tu veux la voir à l’œuvre. Bien curieuse de voir de quoi elle est capable. Tu crois bon d’ailleurs de préciser, qu’elle n’a pas à se mettre entièrement nue pour cet essai. Elle semble partante pour se lancer. « Eh bien, vous n’avez qu’à monter sur scène et dès que la musique se met en route, vous dansez » que tu te contentes de lui dire, sans plus de précision. L’objectif est de voir comment elle se débrouille en fonction de la mélodie. Si elle arrive à faire une chorégraphie sensuelle et charismatique de façon improvisée et sans avoir répété avant. Tu veux tester sa rapidité d’esprit et son potentiel pour inventer de nouvelles danses. Dans ce milieu, il n’est pas rare de devoir remplacer des filles. Ce qui signifie improviser sur scène, mais de manière suffisamment convaincante pour que les clients n’y voient que du feu et ne se doutent de rien. Sarah prend place sous le feu des projecteurs. Un signe en hauteur vers la régie et la musique se met à jouer. A peine la demoiselle a commencé à danser, que les sifflements approbateurs et les réflexions fusent dans sa direction. Tu guettes sa façon de bouger, et comment elle réagit à ces propos déplacés. Tu notes quelques mots dans ton carnet, à côté de son prénom, tandis que les quelques hommes présents en cet après-midi se rendent plus près de la scène encore, pour pouvoir la reluquer convenablement et sans vergogne, mais aussi glisser quelques billets dans ses sous-vêtements lorsqu’elle s’approche d’eux. Des chiens en chaleur pathétiques.
La jeune femme se lance avec assurance. Le corps qui ondule au son de la musique qui se joue, et toi qui note des remarques pertinentes à son sujet à côté de son prénom. Elle est douée, y'a pas à dire. Et elle plaît. En témoigne la poignet d'hommes qui ne perdent rien du spectacle et se permettent même quelques remarques salaces. Tu roules des yeux, voudrais intervenir, mais tu ne fais rien. Parce que tu veux voir comment la brun va réagir face à tout ça. Va-t-elle perdre son sang froid ou faire comme si de rien était ? La deuxième option est bien évidemment la mieux. Faire abstraction des gens présents. Créer sa bulle comme s'il n'y avait personne. Voilà le secret pour supporter. Et elle le fait à merveille, notamment lorsque certains clients se montre trop entreprenant et se permettent des gestes déplacés. C'en est suffisant pour toi. Ce n'est pas parce qu'on est en plein jour et qu'il n'y a pas foule qu’ils peuvent se permettre tout et n'importe quoi. Les règles ne changent pas. Coup d’œil vers le colosse qui surveille les débordements. Mouvement de tête vers le client et il comprend instantanément. Sans attendre il se dirige vers lui, et lui fait bien comprendre que sa présence est d trop ici. L'homme, penaud, se fait tout petit, et promet de ne pas recommencer. Dernier et unique avertissement sinon ce sera l’expulsion purement et simplement. Le client se replie sur lui même sur sa chaise, continue de regarder la danseuse avec avidité, mais ne fait plus aucun geste déplacé. Sentant sûrement la présence du vigile dans son dos. Tu soupires. Ce genre de personne qui se croit tout permis parce qu'il a de l'argent, ça t'énerve au plus haut point. Des fois, tu te surprends même à t'imaginer comme patronne. Les choses seraient bien différentes ici... mais tu ne l'es pas malheureusement. Et tu n le seras jamais de toute façon. Ce n'est pas dans tes plans.
La musique s'arrête, Sarah a fini de danser. Elle semble plus gênée que tout à l'heure. Elle qui jusqu'à présent semblait si sûre d'elle. Ça te fait tiquer, mais tu n'y prêtes pas plus d'attention que ça. Sûrement que tu devrais... Tu applaudis doucement, pour saluer sa prestation, tandis qu'elle descend de scène et te rejoint. Tu peux sentir le malaise palpable parmi les autres filles, qui pensent sûrement que leurs chances d'avoir le poste sont réduites à néant. Et peut-être qu'elles ont raison au fond. Mais tu ne veux pas te prononcer tant que toutes les filles ne sont pas passées. « Pas mal, pas mal du tout » que tu commences à lui dire avec un sourire, en inscrivant une nouvelle remarque sur ton carnet avant de le refermer et le glisser sous ton bras. « Vous seriez disponible quand ? » que tu demandes alors, sentant bien la tension planer au dessus des autres danseuses qui vous regardent un peu plus loin et ne perdent rien de votre échange. « Il reste encore d'autres candidates à auditionner mais si jamais vous êtes retenue, comme ça je sais déjà quand vous pouvez commencer. » que tu finis par te justifier pour apaiser l'angoisse des autres filles et ne pas donner trop d'espoir à cette Sarah. Pas qu'elle pense que c'est du tout cuit, elle qui semblait si assuré et confiante depuis le début.
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