In the middle of January comes April

(outfit) Deux heures du matin pour Tak, ça correspond à un début d’après-midi pour une personne dite normale. La lumière est allumée, la fenêtre est ouverte, le chauffage d’appoint ne couvre pas le bruit de la musique, à faible volume pour ne surtout pas déranger les voisins. La table basse du salon est sans dessus dessous. Un saladier, de la cire de soja, des huiles essentielles. Ouais, Takecia essaye de faire ses propres bougies parfumées.

Et ça toque à la porte.

Tak ne panique pas. Si on lui pose la question, elle répondra : l’instinct. Elle sait qui c’est, à cette heure-ci, elle sait qui c’est. Bon, si elle se trompe et que c’est les flics, elle dira que son instinct a eu une panne.

Mais elle est plutôt contente de voir qu’elle avait raison : en ouvrant la porte, elle trouve April avec une mine déconfite. « Toi, t’es partie en trombe de chez toi sans ton téléphone… » Sous-entendu : c’est pour ça que tu ne m’as pas prévenu de ta visite nocturne. Tak a un petit rictus avant de prendre la gamine dans ses bras. Si elle est là, c’est que ça va pas à la maison. Et l’appartement de Tak se transforme alors en refuge.

« Entre. » qu’elle dit en la libérant de son étreinte. Si y avait que la table du salon qu’était en désordre… Tout l’appartement de Tak était en désordre. Mais ça ne choquait pas April. Malgré ça, c’était devenu son petit cocon. « Ouais j’étais en train de fabriquer des bougies… dit-elle en montrant du doigt sa… tentative de création. J’ai du m’planter quelque part. Mais on s’en fout d'moi. Ça va pas à la maison, poussinette ? » demande-t-elle en plissant les lèvres.

(outfit) Il est tard, tu te retrouves une nouvelle fois dehors après une énième dispute qui a éclaté avec ton paternel. Une claque dans ta gueule en guise de récompense pour ton insolence, ou simplement une excuse pour ne pas dire qu'il prend plaisir à t'en coller une dès qu'il en a l'occasion et tout ça devant une mère complètement inanimée, qui le laisse faire comme d'habitude. Tu as quitté l'appartement en larmes, tu te poses pas très loin pour chialer un bon coup dans ton coin. Tu allumes une clope que tu termines en un temps record avant de décoller ton cul de ce banc en piteux état. Une adresse en tête, celle de Takecia, ta grande sœur. C'est ainsi que tu la considères. Tu sais que sa porte te restera ouverte, quelle que soit l'heure qu'il est. Aucun risque que tu l'as sortes de son sommeil, la connaissant elle n'est pas encore au lit. Tu ne traîne pas trop, tu atteint assez vite son quartier. T'inspire quelques secondes par le nez, ton ventre qui gonfle et qui se dégonfle après que t'aies expiré par la bouche. Tu ne veux pas que Tak ne se doute de quoi que ce soit, bien que le blanc de tes yeux ait légèrement viré au rouge donc tu vas très rapidement être grillé. Elle est au courant de la relation que tu entretiens avec tes parents, ce n'est pas la première fois que tu es sur le point de débarquer tardivement chez elle, tu essayes de te calmer, t'es pas faible et tu ne veux pas qu'elle le pense. La porte s'ouvre, heureusement, tu l'enlaces directement. Ouais.. il avait plus de batterie et mon chargeur s'est fait la malle. Une excuse bidon, tu l'as juste carrément oublier sur la commode dans ta chambre. Tu entres, rejoins le salon, une petite ambiance fort sympathique, ton regard se pose de suite sur la table basse. C'est pas si mal je trouve. pour l'encourager un peu. tu te laisses tomber dans le canapé, tu t'installes sans aucune gêne. Il n'y en a pas entre vous. Le problème ce n'est pas que ça va pas, c'est que ça va jamais. tu hausses un peu le ton, la colère qui ressurgit. Quoi que j'dise, quoi que j'fasse, c'est jamais bien. Je n'en peux plus. D'un coté, t'as besoin d'en parler mais de l'autre t'as simplement envie de penser à autre chose, de passer du bon temps, loin de ton enculé de père.

Ça va pas à la maison, ça va pas avec ses parents. Alors quand ça va plus, April prend la fuite et vient chez Tak. C’est pas la première fois que ça arrive, et il y a fort à parier que ça sera pas la dernière fois non plus. Plus de batterie, plus de chargeur donc plus rien pour prévenir Tak : pas grave, la métisse n’a rien contre les visites surprises, encore moins celles de sa petite protégée.

Parce qu’elles passent à côté, Tak ressent le besoin de… d’expliquer le bordel qu’elle a laissé sur la table. Malgré l’échec visible que c’est, Ap est sympa, encourageante : ça fait sourire Tak. Cette gentillesse, cette envie d’élever les gens vers le haut… parce que tous les êtres humains méritent l’amour, le bonheur, le plaisir ; ça lui rappelle quelqu’un. « Merci poupée ! » dit-elle.

Le problème, c’est que ça ne va jamais. Déjà, elle sent la colère et la tristesse lui remonter au nez. C’est jamais bien. Tak ne peut que comprendre… Ce sentiment de ne pas appartenir à ce monde trop fermé… April et elle sont des poètes dans un monde matérialiste et terriblement pragmatique. Pour essayer de la calmer, elle lui prend la main, caresse le long de son bras tatoué. « Ssshhh, t’énerve pas. Ici c’est un havre de paix, ma puce… dit-elle avec tendresse. Tu veux fumer ? Tu veux que j’aille nous chercher à boire et grignoter ? demande-t-elle. C’est important que tu sois à l’aise pour qu’on parle bien ! »

Tu te sens tellement mieux ici, chez Tak, loin de cet enfer qu'est le domicile familiale. Ce n'est pas un hasard si tu te pointes comme ça chez elle, sans même la prévenir à l'avance, Tak, tu as beaucoup trop d'estime pour elle, tu ne sais même pas comment tu ferais si elle n'était pas là. Pourquoi cette putain de vie te chie tant à la gueule ? Qu'est ce que tu as bien pu lui faire pour te taper des parents pareils ? en plus d'un connard de frangin qui bien heureusement ne vit plus à la maison depuis quelques mois maintenant, ça doit lui faire un bien fou de ne avoir à te supporter, à te voir rôder dans les parages. Tu n'as plus aucune nouvelle et la vérité c'est que tu cherches même pas à en avoir. Tu retires ton bombers et le poses juste à coté de toi, les yeux rivés sur la création de la métisse, tu serais incapable de faire mieux faut dire que tu es douée que pour très peu de choses et les activités manuelles en général tu évites, pour ne pas provoquer de catastrophes. C'est vrai, excuse-moi. Vivement que je me tire de cette baraque, pour toujours. , tu ne comptes pas parler de ces pourritures toute la nuit, juste que tu as besoin de faire savoir à quel point c'est la merde à la maison. Marre de te faire engueuler, cogner, constamment, tous les jours pour aucune réelle raison valable. tu as besoin de te détendre et la proposition de Takecia t'y aidera grandement. Tes mains qui plongent dans les poches de ton jean pour en sortir un paquet de clopes assez fin et vide surtout ce qui te fait rouler des yeux. T'as encore des clopes ? Ou même un petit joint qui traîne je m'en fous, moi j'ai plus rien, j'ai finis mon paquet avant de venir. tu l'as acheté ce matin, t'abuses. encore la  preuve que tu fumes beaucoup trop, ce qui est bien c'est que tu n'as personne pour te le reprocher.

L’indépendance. Un début de solution, au moins atténuer la douleur, les pleurs. Elle aura d’autres galères April, mais au moins elle aura plus ses vieux sur l’dos ! Le soulagement ! Elle doit avoir hâte d’y être… « T’excuse pas, poussinette ! » qu’elle lui dit. Tak veut juste lui faire comprendre qu’ici, elle a plus besoin de s’énerver, elle a plus besoin de se justifier.

Paquet de clopes vide. La loose. Tak grimace, elle ne connait que trop cette situation. « Ouais, ouais, t’inquiètes ! rassure-t-elle d’une voix lancinante. Comme d’hab’, le petit tiroir dans la table basse, là… Y a d’quoi rouler, qu’elle dit en désignant le dit tiroir. Y a tout ce qu’il faut. Tu nous prépares un cône et je nous prépare à grailler ? » Grand sourire. Elles ont chacune une tâche à accomplir, Tak disparait dans la cuisine pour s’y mettre.

C’est quand elle ouvre les placards qu’elle se rappelle qu’elle a… plus grand-chose. Ou qu’elle doit piorcher dans sa réserve de la semaine. Mais elle s’avoue pas vaincue, elle cherche encore jusqu’à trouver du pain rassis et deux gousses d’ail. Eh ben voilà, c’est parfait !

Tak réapparait huit minutes plus tard avec un saladier rempli de pain à l’ail, d’un pot de mayonnaise, de deux verres à peu près propres et d’une bouteille de jägermeister déjà bien entamée. « Et voilààà, petit festin nocturne ! Si tu veux une couverture aussi, sers-toi ! » qu’elle dit en désignant un tas de couvertures à côté du canapé.

Un havre de paix, pour de vrai.

Tu as vraiment envie de fumer, t'en ressent le besoin, un peu trop souvent d'ailleurs. Ça fait quelques années maintenant que tu fumes, c'était seulement de simples cigarettes au début, rien de bien méchant jusqu'à ce que tu rencontres quelques personnes qui, eux, fumaient de l'herbe. Ils t'ont gentiment proposé, tu n'as pas refuser et de temps en temps, ça remplace le tabac. Tu esquisses un sourire, ton regard qui plonge dans le sien un court instant avant qu'elle t'annonce que pour elle, c'est pas la pénurie. Tes prunelles sombres qui se posent sur le tiroir qu'elle désigne, tes lèvres qui s'élargissent. On fait ça ! que tu réponds à sa proposition, l'inverse n'aurait pas été une bonne idée, tu es vraiment une quiche en cuisine. Bien plus douée à rouler que faire à manger donc ça te va. Tu te lèves, te traîne jusqu'au tiroir que tu ouvres en prenant tout ce dont tu as besoin. Un paquet de feuilles, le grinder, un filtre en carton sans oublier la weed, ce serait con quand même. De nouveau le cul sur le canapé, tu poses tout sur la table basse, trouvant une petite place sans foutre la petite création de Tak en l'air. Tu viens prendre le paquet de feuilles que tu ouvres pour en prendre une, tu l'as plie avant de t'occuper du filtre. La weed que tu places dans le grinder afin de l'effriter super facilement, tu l'as disperses sur ta feuille en gardant une fine place pour le filtre. Il est maintenant temps de rouler, tu t'appliques, une plus grande concentration sur la préparation de ce joint que sur tes cours. Un petit coup de langue sur le collant, tes doigts qui viennent presser faiblement le joint. Tu termines le premier, commence le deuxième en le finissant pile lorsque Tak revient vers toi. Les cônes bien tassés, tu lui tends le sien Tiens ma belle ! en jetant un œil sur ce qu'elle a préparé, elle, de son coté. Tu as tellement la dalle que tu zappes les couvertures. Le contenu du saladier qui t'intrigue. Tu connais cet odeur. Qu'est ce que c'est ? que tu demandes piochant une tranche que t'apportes jusqu'à ton nez pour le renifler. Du pain à l'ail ? Ça se fait ça ? quitte à passer pour une conne, tu ne connaissais pas du tout, la première fois que tu vas en manger. Un premier croc. Tes petits yeux qui s'écarquillent. Putain, c'est grave bon ! niveau bouffe, tu n'es pas difficile, tu es une grande gourmande, tu manges tout et n'importe quoi sans te soucier de ta ligne, la preuve, tu plonges ta tranche de pain dans le pot de mayonnaise avant de l'engloutir.. le pain, pas le pot.

Takecia a une mission : April doit repartir de chez elle avec le sourire aux lèvres et le cerveau allégé. Elle doit faire disparaitre sa peine et ses idées noires. Y quelques années, elle s’en serait pas cru capable. Mais depuis qu’elle connait la gamine, elle se rend bien compte qu’elle a le pouvoir de guérir les gens de l’intérieur. Enfin, c’est comme ça qu’elle le voit tout du moins.

Sa cuisine terminée, elle retrouve April qui a également accompli sa tâche. Et même qu’elle a mis les bouchées double. « Deux ! Eh bé ! T’es efficace ! qu’elle commente avec un sourire. L’étudiante est vite intriguée par le contenu du saladier que vient d’apporter la métisse. Du pain à l’ail ! qu’elle lui répond. Bien sûr que ça s’fait ! Tu connais pas ? Meuf, ça fait changer ta vie ! » affirme-t-elle en hochant la tête. Un vrai plat de pauvre, mais un délice. Ça passe partout.

Takecia observe et attend les réactions d’April. Et un rictus déforme son visage lorsque l’autre lui affirme que c’est grave bon ! « T’as vu ! Essaye avec la mayo ! » qu’elle conseille avant de se rassoir.

Elle craque une allumette, met feu à son cône. « Approche, j’vais t’allumer l’tien ! » qu’elle dit en penchant la tête en direction de celle d’April. Du bout embrasé de son joint, elle allume le cône de l’étudiante et sourit. De voir sa tête aussi prêt… Ça lui rappelle à quel point April est jolie comme un cœur. Mais elle n’y pense plus. Il faut pas y penser.

« La musique te plait ? Tu te souviens, c’est Cocteau Twins, je t’avais déjà fait écouter… La voix de la chanteuse… Elizabeth Fraser est… » elle termine pas sa phrase, elle se laisse tomber sur le canapé, mime un évanouissement. La voix éthérée d’Elizabeth Fraser est à tomber, voilà.

Deux cônes, un chacun. vous auriez pu tirer sur le même, ça n'aurait pas été dérangeant pour toi comme pour Tak mais tu étais dans ta lancée, elle était encore en cuisine au moment où tu as terminé le premier, tu as alors décidé d'en faire un deuxième. Tu n'auras pas attendu très longtemps avant que la métisse te rejoigne sur le canapé avec ce saladier au contenu totalement inconnu pour ta part. Je pourrais encore en rouler une dizaine. C'est bien l'une des rares choses que tu maitrises à la perfection, c'est loin d'être une qualité, pour beaucoup en tout cas mais pour Tak, ça l'est. Vous fumez toutes les deux autant sauf que elle, elle a la chance d'avoir souvent de la beuh, ce qui n'est pas ton cas alors tu te contentes très souvent de cigarettes, peu importe la marque de ces dernières. Tu pioches dans le saladier en faisant disparaître très vite la tranche de pain que tu es venu baigner dans ce petit pot de mayonnaise qui avec toi risque d'être vide dans quelques minutes. Tu t'empares d'une deuxième tranche, tu fais la même chose qu'avec la première avant de te goinfrer littéralement. Jamais de la vie, il y aura ça chez moi. Et c'est vraiment dommage parce que putain que c'est délicieux. Tu n'es même pas certaine que tes parents savent que ça existe tout comme toi il y a quelques minutes. C'est encore meilleur avec. la mayonnaise. à la maison, il n'y a que toi qui en manges et tu as tendance à en foutre un peu partout. C'est dégueulasse qu'on n'arrête pas de te dire et pourtant ça ne t'empêche pas de continuer. Ton petit péché mignon, ouais c'est carrément ça. Ton visage qui se retrouve très proche de celui de la DJette, seulement dans le but d'allumer ton joint grâce au sien. Ton regard qui se porte sur ses lèvres un instant, ses lèvres que tu aurais très certainement goûter si votre relation était différente, si tu ne la considèrerais autrement que comme ta grande sœur. Vos visages s'éloignent l'un de l'autre, tu tires sur ton cône en recrachant la fumée vers le haut. Et comment que je m'en souviens, j'ai quelques-uns de leurs sons dans ma playlist grâce à toi. Et pourtant ce n'est pas le genre de musique que tu écoutes d'habitude. Ma préférée reste Pitch the Baby, je l'aime trop celle-là. Tu chantes souvent par-dessus, faux, mais tu chantes quoi.

Tak sourit et imagine Ap rouler à la chaine, comme dans une usine. Personne ne pourrait l’arrêter ! « Tu fais ça bien en plus ! » qu’elle commente en jetant un œil sur son cône. Pas sûr que ça fasse plaisir aux parents ça, d’savoir qu’leur fille est super douée pour rouler… Qu’elle se rassure : ici, c’est un talent apprécié et louangé à sa juste valeur.

Cette nuit, Tak fait découvrir le garlic bread à la gamine, et rien qu’avec ça, elle doit pas regretter d’avoir fait le déplacement ! « Jamais, jamais ? Eh ben, si t’en veux, tu sais où v’nir ! » Quel dommage de se passer d’un délice pareil, sous prétexte que c’est pas un plat assez raffiné, ou un truc dans l’genre… Tant pis pour eux, y savent pas ce qu’ils ratent !

La fumée épaisse des joints commence à s’élever au-dessus de leurs têtes tandis que la musique de Cocteau Twins résonne toujours dans l’appart’, à faible volume. Les filles n’ont pas à hausser l’ton pour s’parler, pour s’écouter… C’est calme, c’est reposant. C’est agréable.

« C’est vrai ? » Elle est un peu émue Tak, ça se voit. Elle aime ça quand elle fait découvrir ses goûts musicaux aux autres, et que les autres aiment ! Alors de savoir que Ap continue d’écouter dans son coin, c’est merveilleux. « Ça m’fait trop plaisir ! Et oui, ce morceau… il a quelque chose de super funky ! » qu’elle commente en hochant la tête. Que ça lui fait du bien de pouvoir parler de ça April, elle qui ne connait rien des musiques du top 50…

Takecia se redresse, son regard s’oriente vers ses pensées tandis qu’elle tire une latte. « Tu voudras dormir ici ? » Si oui, faudra ranger un peu l’salon, faire d’la place sur le canapé. Sauf si elle veut bien dormir avec elle dans son lit. La métisse, pousse doucement le matériel à bougies, fait assez de place pour remplir les deux verres de jäger sans rien trop renverser. « Santé ! » qu’elle fait en lui tendant son verre.

Rien que tu te goinfres, tu te régales et ça se voit tant tu pioches encore et encore dans ce saladier qui se vide au fur et à mesure, tu ne penses même pas à en laisser à la métisse qui doit, elle aussi, avoir la dalle. Tu décides d'arrêter là en constatant tout ce que tu avais pu ingurgiter en quelques minutes seulement, tu tires sur ton joint, recrachant la fumée en direction de la fenêtre grande ouverte, ça te fait tellement du bien d'être là, avec elle. Son domicile, ton paradis, il y absolument tout ce que tu aimes et bien sûr que tu inclus Takecia dans le lot, elle sait te mettre à l'aise, être à l'écoute quand vraiment ça va pas fort même si tu as conscience qu'à la longue, ça doit être chiant de tous le temps t'entendre parler de la même chose à savoir tes parents, toujours ce même sujet de conversation lorsque tu passes le pas de sa porte. Elle n'est pas du genre à avoir sa langue dans sa poche donc si réellement elle en pouvait plus, elle te le dirait clairement, ce n'est pas le cas, cependant ça t'embête quand même un peu au fond. Tout ça pour dire que tu te sens tellement bien ici, que tu arrives à oublier tes soucis en quelques minutes seulement. Je reviendrais beaucoup plus souvent ça c'est clair. que tu lâches en riant, déjà que tu es presque tous les jours cloitrés chez la métisse, qu'est ce que ce serait si tu venais encore plus fréquemment ? Si ça continue, tu vas devoir payer le loyer toi aussi. Ton cône qui se consume à nouveau entre tes lèvres, tu hoches à peine la tête comme pour répondre à Tak sans avoir à ouvrir la bouche, un moyen de confirmer que le groupe écossais est dans ta playlist Spotify, que tu as souvent leurs chansons dans les oreilles. C'est celle que j'écoute le plus, parfois en boucle sans jamais m'en lasser. quand tu aimes une musique, c'est généralement ce que tu fais, tu l'as met une fois puis deux puis trois jusqu'à avoir l'envie de changer pour finalement la remettre dix minutes plus tard. Takecia qui te propose de dormir sur place, tu ne t'y attendais pas, ça te fait grave plaisir et ton sourire en témoigne. Si seulement ça pouvait ne pas être que pour ce soir. Owh carrément ! en saisissant le verre que Takecia te tend avant de le faire rentrer en collision avec le sien. Santé ma belle ! en buvant une toute petite gorgée de la liqueur à l'intérieur, c'est tellement bon que ce serait bête de finir si vite.

Plus tu es loin de chez toi, mieux tu te portes. Tu n'as pas la moindre envie de rentrer, tu n'as même plus envie de mettre les pieds là bas et pourtant tu y es obligée malgré que tu sois majeur. Tu n'es pas encore entrer dans la vie active, tu n'as pas ton propre salaire qui te permettrait de trouver un appartement, de fuir le domicile familial une bonne fois pour toute. Tu te fais de l'argent en tant que baby-sitter mais c'est bien loin d'être assez pour vivre indépendamment. Il n'y a pas un seul jour sans que tu penses à ce moment, quand tu fermeras cette porte pour la dernière fois, que tu prendras enfin ton envol. Ne plus avoir cette boule au ventre chaque fois que tu rentres le soir, tu en rêves, c'est la seule chose que tu puisses faire pour le moment. Plusieurs fois tu t'es dit que tu proposerais à Takecia de t'héberger, le temps que tu finisses tes études et que tu te trouves ton petit appart, tu ne l'as jamais fait. Tu ne veux pas être un boulet, être trop encombrante. Qu'est-ce qu'elle en penserait ? Tu le sauras le jour où tu prendras ton courage à deux mains et que tu oseras lui demander. Tu lui apporterais une petite aide financière, serais capable de lui donner tout ce que les parents des enfants que tu gardes te donnent. Tu vides ton verre, tu te ressers, le vides une fois de plus. C'est à cet heure-ci que les détraqués sortent en plus généralement. ce que tu vois à la télévision qui te fait dire ça pour le peu de fois que tu la regardes, il y a des mecs qui n'attendent que ça, qu'il fasse nuit pour bien se bourrer la gueule et agresser la moindre personne du sexe opposé qu'ils croisent. Des sans-couilles, oui on peut le dire.

Le temps défile à une vitesse hallucinante, ça fait déjà un peu plus d'une heure que tu es chez la métisse. Vous papotez, fumez, buvez en vous racontant tout un tas de trucs plus délirant les uns que les autres. Vous n'êtes toutes les deux plus très lucides et ça se voit ou plutôt s'entend puisque vous vous marrez bien avec vos histoires. Tu es tourné vers Tak, tes petits yeux ancrés sur elle, tu n'as pas toute ta tête néanmoins tu l'écoutes presque attentivement, son récit qui te fait rire aux éclats notamment la fin. J'imagine pas la tête qu'elle à dû faire a ce moment-là. complètement morte de rire, tu as carrément du mal à t'arrêter. Tu passes ton index sous tes yeux pour essuyer les petites larmes, tu as bien rigolé. Ils ne méritent pas que je fasse siffler leurs oreilles crades. en parlant de tes parents, le sujet qui finit toujours par revenir et que tu veux éviter afin de ne pas gâcher cette superbe soirée. C'est faux ça, tu es une très bonne hôte et la meilleure personne que je connaisse. tu marques une petite pause en la regardant droit dans les yeux. Je t'aime, Tak. le volume de ta voix un peu plus faible à ce moment là, tu ne sais même pas si elle a entendu. Tu l'aimes la DJette, à ta façon, en tant que grande sœur de cœur, à moins que tu ressentes autre chose et que le petit mélange drogue/alcool te fait avouer des choses. Va savoir.

Est-ce que tu l'aimes en tant que grande soeur étant ainsi que tu la considères ou tes sentiments envers elle sont bien plus forts ? C'est une question que tu t'es déjà posée la question à de nombreuses reprises sans jamais savoir y répondre vraiment. Elle est très importante pour toi. Tu es très heureuse de pouvoir passer la nuit chez elle, tu vas certainement te taper le canapé mais ça ne te dérangerait pas même si clairement tu préfèrerais dormir à ses côtés, que la première chose que tu verras en ouvrant les yeux ce soit sa petite bouille. Ton regard ancré dans le sien, un petit sourire en coin. Tu ne sais pas si tu serais capable de prendre le risque de potentiellement gâcher votre relation si fusionnelle en allant plus loin avec elle, ça vaudrait le coup ? Tu n'en sais rien. Une artiste ? Tu es trop gentille. J'sais rien faire de mes dix doigts. Tu dois être talentueuse dans un domaine, simplement que tu n'as pas encore trouvé lequel, c'est ce que tu peux te dire pour te rassurer. La musique ? Tu aimes ça, apprendre à jouer d'un instrument, ça te dirait bien. Savoir jouer de la guitare, ce serait le top pour toi déjà, tu as déjà eu la chance de gratter. Ta prestation était loin d'être extraordinaire mais tu avais tout de même ton petit niveau quoi. Tu as pu en jouer qu'une seule fois seulement, tu en as pas à la maison, encore heureux d'un côté parce qu'elle aurait rapidement fini en morceaux, tes petites séances d'entraînement n'auraient pas été à son goût, c'est certain. Toi, au moins tu tentes des choses. en faisant référence à sa petite création, ce qu'elle était en train de fabriquer avant que tu viennes l'interrompre. Je serais incapable de faire mieux. Ça n'a pourtant pas l'air si compliqué. Ce n'est pas le moment d'essayer, tu n'es en état de faire quoi que ce soit là à part rejoindre Morphée éventuellement. Et tu mixes en plus. Tu as déjà eu l'occasion de la voir derrière les platines, tu t'en souviens parce que chaque fois qu'elle y est, tu passes un agréable moment, tu te déchaines carrément. Je te jure parfois j'ai envie d'arrêter les cours mais ce diplôme c'est ma seule chance de trouver un bon boulot, d'avoir un salaire avec lequel je pourrais vivre convenablement, loin de mes parents. Ce n'est pas ce que tu gagnes en gardant des mômes qui va te permettre de bien manger et de payer tes factures, il te faut une meilleure situation, qu'elle soit bien plus stable.

Tu n'es même plus capable de réfléchir correctement à cause de ce que tu as pu inhaler plus tôt dans la soirée. L'alcool qui n'aide pas non plus. Tes yeux qui se ferment presque tout seuls, bercer par les belles paroles de la métisse qui est dans un état pas bien différent du tien. Tu as bien fait d'être venue chez elle, encore une fois, vous ne faites que discuter depuis tout à l'heure mais pour toi c'est déjà bien assez pour passer un bon moment en sa compagnie. Elle sait comment faire pour te remonter le moral, elle y parvient toujours et ce soir ne fait pas exception. Tu ne penses plus à rien si ce n'est à ton pieu, où est-ce que tu vas dormir cette nuit ? Dans le canapé ? Ça t'irai bien, ce n'est pas le meilleur mais pas le pire non plus. Ah ça pour être rêveuse, je le suis. Tu rêves de faire le tour du monde, d'avoir tellement de thunes qu'à force tu ne saurais plus trop quoi en faire. Taper des longueurs dans une mer de billets, ce serait un véritable plaisir pour toi qui ne connaît que la misère. Tu te mets à bailler comme une carpe, la fatigue qui doucement se fait ressentir. Tu pourras m'apprendre un jour ? Très curieuse de savoir comment cela fonctionne, si ce n'est pas bien difficile tu devrais toi aussi y arriver sans trop faire de dégâts. Tu t'assois convenablement sur le canapé et délace tes chaussures l'une après l'autre avant d'aller les poser devant l'entrée de l'appartement pour ne pas les laisser trainer. Tu retournes ensuite dans le salon, auprès de celle que tu considères comme ta grande sœur. Pareil, je n'ai qu'une envie là c'est dormir. Non pas qu'elle t'ennuie, loin de là. c'est ton corps qui te fait comprendre que tu devrais aller te reposer, ça va faire presque vingt-quatre heures que tu es debout. Il était pas loin de huit heures du matin quand tu as ouvert les yeux, tu es resté dans ton lit quelques minutes, tu te tournais, te retournais. rien à faire. tu ne parvenais plus à fermer l'œil. Tu risques de t'écrouler si tu restes trop debout alors tu viens reprendre place dans le canapé avant que Takecia ne te fasse une proposition très inattendue de ta part, une proposition que tu ne peux refuser, que tu ne veux refuser sous aucun prétexte. Vivre avec elle ? Ne plus voir tous les jours la sale gueule de ton père qui n'attend que ça que tu dégages de la maison. Oh si, j'aimerais tellement mais je n'ai pas envie de trop te déranger plus que ça. ce que tu lui réponds alors que t'as simplement l'envie de lui dire oui, de ramener le plus vite possible ta valise chez elle, de claquer la porte de l'enfer sans jamais y remettre les pieds. Vivre ta meilleure vie avec Takecia, c'est ça que tu veux. Avec toi ? J'peux avoir cette chance en plus ? Ce serait comme une grande sœur qui dort avec sa petite sœur. Aucune ambiguïté entre vous et il n'y en aura jamais.

Tu ne sais même pas l'heure qu'il est, tu pourrais jeter un oeil à ton téléphone pour avoir l'information mais tu préfères le laisser dans la poche de ton blouson. Tu sais qu'au moment où tu iras te coucher, certaines personnes seront déjà en chemin pour aller travailler. Un début de journée pour eux, une fin pour toi. Tu auras le droit à ta petite démo de la part de la métisse, derrière les platines, ça te fait tellement plaisir. Qui sait ? Tu te reconvertiras peut-être en DJette dans un futur proche. Dans ce domaine, généralement, ils utilisent un pseudo, ce sera quoi le tien ? Ce n'est pas vraiment le moment d'y penser. La fatigue qui t'empêche de sauter de joie, de montrer ton enthousiasme à l'idée de vivre avec Takecia. Aucune personne sur Terre n'est plus heureuse que toi à ce moment-là, tu viens la prendre dans tes bras. Si tu savais comme ça me fait plaisir. Que ce soit la démo comme ton prochain emménagement. Tu la libères ensuite de ton étreinte, sourire aux lèvres, les yeux complètement éclatés. Enfin, tu vas pouvoir tirer un trait définitivement sur tes parents, vivre ta vie pleinement, loin d'eux et de toutes les ondes négatives que regorge le domicile familiale. Une vie bien meilleure aux côtés de de Tak, le temps que tu trouves quelque chose sachant que tu n'as pas encore vraiment de salaire fixe, que ce n'est pas si facile de trouver un appart, tu vas vivre avec elle un bon moment. Les yeux rivés sur la DJette qui se lève d'un seul coup, te prenant par le bras dans la foulée, t'emmène dans sa chambre. Tu t'es rarement retrouvé dans cette pièce, encore moins à une heure aussi tardive et avec Takecia si peu vêtue, ça te fait un peu bizarre. Va falloir t'y faire. Tu retires ton pantalon, toi aussi tu es maintenant en culotte. Le haut, tu le gardes parce que tu n'as rien en dessous. A ton tour, tu te glisses sous les draps, tu te retrouves face à la métisse, votre regard qui se croise une dernière fois. Le calme, tu es si bien, tellement que tes yeux finissent par se fermer tout seuls.

Quelques heures plus tard.

Tu te réveilles difficilement, les yeux qui s'ouvrent puis se referment instantanément, aucune envie de bouger et pourtant il faut que tu te lèves. Il faut que tu retournes chez papa/maman pour récupérer tes affaires et les ramener ici, chez Tak. Tu ne veux pas précipiter les choses mais plus vite ce sera fait, plus vite tu pourras commencer ta nouvelle vie, loin des conflits avec ton paternel. La DJette n'est plus au lit, tu ne l'as même pas entendu se lever. Tu pousses la couette, te frotte le visage et plus particulièrement les yeux. Un pied qui touche le sol, un deuxième, tu te lèves pour te rendre dans la cuisine. Bonjouuur ! que tu lâches en t'approchant de Takecia pour lui faire une bise avec ton haleine de chacal.

Avant de rejoindre Takecia dans la cuisine, tu as pris le temps de te débarbouiller un petit peu cependant tu as toujours autant la tête dans le coaltar. Tu te souviens plus ou moins de ce qui a pu se passer cette nuit, non tu ne te trompes pas c'était bien cette nuit puisqu'il était déjà un peu plus de deux heures du matin lorsque tu es venue toquer chez la métisse après une énième dispute avec ton paternel qui encore une fois n'a pas vraiment hésité à lever la main sur sa propre fille qu'il ne porte pas spécialement dans son cœur. Tu as donc été chercher du réconfort auprès de ta grande sœur qui encore une fois a réussi à te remonter le moral. La veille, tu as pas mal bu, tu t'es enfumé le crâne et pourtant les paroles de la DJette résonnent encore dans ta tête, impossible d'oublier la proposition qu'elle a pu te faire peu avant que vous alliez dormir. C'est la première chose à laquelle tu penses en te levant ce matin.. ou plutôt cette après-midi vu l'heure qu'il est. Tu parles, ils sont certainement en train de se demander si je suis toujours de ce monde ou non. Comme si ils en avaient quelque chose à foutre. en faisant le moins d'effort pour articuler, tu marmonnes presque en venant prendre un bol dans lequel tu mets des céréales puis du lait. C'est ce que la métisse te propose, c'est uniquement ce qu'elle a et cela te convient parfaitement. Même s'ils comptent avoir des explications, ils en auront pas, je prends mes affaires et je me tire aussitôt. que tu lâches en mangeant ton petit déjeuner sans trop prendre ton temps non plus, tu t'avances vers l'évier pour faire ta vaisselle. Hors de question que ce soit Tak qui la fasse, tu as peut-être une relation très compliquée avec tes parents mais ils t'ont donné un minimum d'éducation et puis de quoi aurais-tu l'air ? Eux ne se soucient pas de ce que je peux ressentir, c'est réciproque. en lui souriant tout de même, tu ne passes pas tes nerfs sur la métisse, ça, jamais de la vie tu en serais capable. C'est juste que parler de tes parents dès le réveil, c'est relou mais inévitable sachant qu'en plus tu vas forcément les croiser aujourd'hui. Tu ne sais vraiment pas si Takecia est au courant du cadeau qu'elle te fait en te proposant de venir vivre chez elle. Elle te sauve la vie, littéralement, avec ton père qui ne fait que de te taper dessus, tu n'es pas à l'abri du pétage de plombs de trop. Je te remercierai jamais assez de tout ce que tu fais pour moi. Dans les bons comme dans les mauvais moments, elle est là contrairement à certains qui te laissent en vue et trouve un prétexte bidon pour ne pas te dire franchement qu'ils en ont rien à foutre de toi, de tes problèmes. Tes bras qui s'ouvrent pour y accueillir Tak que tu serres contre toi un instant avant de la libérer, tournant les talons pour aller prendre une bonne douche et remettre les mêmes habits que la veille parce que tu n'as rien amené d'autres, c'est ça quand on prévoit des choses à la dernière minutes.