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 Hayley > Queen of Paradise

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THE WRITERPUTS THE HOT IN PSYCHOTIC
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Anonymous
Dim 11 Avr - 20:03

Demande d’interview acceptée !

Ezra lève les bras au ciel, formant le V de la victoire. Le menton est fier, les yeux brillent du succès à venir.
Car il ne s’agit pas d’une interview ordinaire.
Hayley Henry, connue naguère sous le pseudonyme Goldie Rose, directrice de Paradise Production, reine de l’industrie légale du sexe à Londres, est un diamant qui ne demande qu’à être exposé au grand jour, exploré sous toutes ses facettes.
Et celles-ci sont nombreuses.

L’ancienne actrice et modèle X a marqué toute une génération. Ezra se rappelle encore de scènes particulièrement torrides où la belle blonde méritait amplement un hot d’or. Durant sa jeunesse de dévergondage, les étudiants du campus s’échangeaient les copies de ses DVD pour les visionner sur leur laptop. Certains profs participaient à ce trafic. Quelques années plus tard, le support évoluait. La carrière de Goldie Rose a accompagné l’essor d’Internet et du haut débit, popularisant ses photos et vidéos sur les réseaux numériques.
Elle aurait débuté sur les scènes de striptease : un point que le journaliste devra vérifier. Son ascension interpelle davantage : comment une actrice pornographique s’est-elle propulsée à la tête d’une société multisectorielle comme Paradise Production ? Pour quelles raisons a-t-elle subitement abandonné le string dentelle pour endosser le tailleur de femme d’affaires ? Diverses rumeurs évoquent le type de promotion qui a lieu en tenue d’Ève sur un canapé confortable. L’intuition d’Ezra l’oriente dans une autre direction : une enfant, possiblement née aux alentours de cette période. Date de naissance et prénom introuvables sur le web, aucune information sur le père. L’envie d’explorer cette piste tenaille le journaliste, s’opposant à son respect pour la vie privée d’autrui. Pour l’heure, le respect l’emporte. À creuser trop profond, on atteint le monde souterrain – et diablement attirant – des enfers on s’y brûle.

Le rendez-vous est planifié à 10h00. Un horaire prometteur pour une femme occupée, qui ouvre la possibilité d’un prolongement jusqu’au déjeuner. Les individus se montrent toujours plus enclins aux confidences dans un tête-à-tête autour d’une table, en particulier quand le vin est bon.
Ezra se met sur son trente-et-un : chemise blanche, costume gris de lin. Deux gouttes de parfum. Il ne s’agit pas seulement de paraître sérieux, mais de montrer son respect envers la directrice d’une grande entreprise. Que l’on vende des sex-toys connectés ou des brosses à dents, cela reste du business. L’industrie du sexe, encore jeune, conserve une mauvaise réputation que maintes affaires sordides ont justifiée. De ce côté, Paradise Production a l’air clean et Ezra veut croire qu’avec une ancienne actrice X à sa tête, les pratiques de la boîte s’accordent avec l’éthique du XXIe siècle.

Le métro emmène Ezra au cœur de la City. Lancé sur les rails, accroché à une barre de métal froid, Ezra observe et analyse. En se basant sur les ventes de produit estampillées Paradise Production, deux passagères de la rame ont déjà utilisé un godemichet de l’entreprise londonienne, dont un modèle vibrant. La petite à lunettes qui tient ses jambes serrées ? La rousse qui gratte l’arrière de son jeans ? Quant aux hommes, cinq ou six ont visionné une vidéo X du studio dans les douze derniers mois. Ce peut être n’importe qui, du jeune accro à son téléphone au cadre grisonnant avec son attaché-case. Un journaliste qui prépare un article sur Hayley Henry.

Le siège de Paradise Production se trouve à quelques encablures de la station. La bruine accompagne Ezra jusqu’à un grand bâtiment. De l’extérieur, rien ne distingue l’édifice de ses voisins. Seul le logo de l’entreprise invite à une ascension vers le 7e ciel.
Ezra franchit l’entrée.
Tous les paradis ont leur cerbère : un agent de sécurité scrute le nouvel arrivant. Ezra affiche un sourire décontracté. Paraître normal, ni trop cool, ni trop tendu. L’endroit doit attirer son lot de cinglés qui justifie une vigilance particulière. Les grenouilles de bénitiers y voient une succursale de l’antique Sodome. Les fans zélés qui rêvent de se frotter aux belles actrices, admirablement lascives face à la caméra. Et pourquoi pas de faux journalistes qui cherchent à se rincer l’œil.

9h47. Ezra se présente à l’accueil, confirme son rendez-vous. Mademoiselle Henry va le recevoir à l’heure convenue.
Le journaliste décide de mettre son avance à profit, questionne gentiment l’hôtesse-secrétaire. Miss Daisy montre une grande amabilité naturelle, à moins que le sourire d’Ezra fasse mouche au milieu de sa barbe de trois jours. Les rires discrets éclatent comme des bulles de champagne. En treize minutes, Ezra a collecté plus d’anecdotes sur le personnel du Paradise qu’en deux heures de butinage sur le web. Aucune information compromettante, mais un florilège de détails capables de garnir un bon article.

— Je vous souhaite un bon entretien avec la patronne, lui lance l’hôtesse avec un clin d’œil amusé.

Le journaliste lève une main sur son front, feignant la surprise.

— Oh, parce que vous n’êtes pas… quelle méprise ! Je croyais que c’était vous, la directrice de Paradise Production !

Il regarde autour de lui, faussement confus. Même l’agent de sécurité se déride.

— Merci de votre superbe accueil, miss Daisy. Je gage que votre emploi est assuré à vie, et même au-delà au sein du paradis céleste !

Le journaliste lève un pouce d’encouragement, sourire jusqu’aux oreilles. Puis il se lance sur le chemin qu’on lui a indiqué. Dans un coin de sa tête, Ezra note de recontacter cette charmante hôtesse pour d’éventuels compléments d’information.

Nom de dieu !

Ezra se fige. La femme qu’il a vue s’ébattre à l’écran se tient devant lui, en chair et en os. C’est toujours une sensation étrange de rencontrer une inconnue associée à mille images coquines. Goldie Rose n’a pas beaucoup changé. Son visage est un peu moins rond, ses traits plus matures. La lumière du jour l’éclaire d’une expression sereine. À 40 ans, Hayley Henry doperait encore les ventes des magazines en s’exhibant sur leur couverture – sans besoin de recourir à un travail acharné sur Photoshop.

La vie de femme d’affaires lui réussit bien !

Le journaliste avance avec un sourire très professionnel. Inutile de passer pour le pervers de service qui s’enflamme pour un entretien privé avec une ancienne star du X.

— Mademoiselle Henry, c’est un honneur et un plaisir de vous rencontrer. Je vous remercie de m’accorder cette interview.

Ezra saisit la main tendue, penche le buste en avant et y dépose un baiser. Ainsi qu’il sied à une femme respectable.

— C’est un beau vaisseau amiral que vous avez là, proclame-t-il en désignant le vaste bâtiment. Les lecteurs de True London Stories ont hâte d’en savoir plus sur la capitaine qui dirige son bel équipage.


@Hayley Henry
Hayley Henry
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Hayley Henry
Since : 11/03/2021 SMS : 304
Mar 13 Avr - 19:41

Queen of Paradise
Alors. J’ai rendez-vous aujourd’hui, dans quelques minutes même, avec un journaliste. C’est cliché je sais, mais d’habitude je ne les aime pas beaucoup. Ils versent trop souvent dans le sensationnalisme pur, la pute à buzz, parfois le mensonge pur et simple. Bon, j’exagère sans doute un peu – beaucoup. A l’ère des réseaux sociaux, à une époque où tout va de plus en plus vite alors que la capacité d’attention moyenne des gens diminue, il faut bien qu’ils accrochent le public. Quitte à dire n’importe quoi. Quitte à complètement mentir parfois. Ils veulent faire parler d’eux, en bien comme en mal. Ils en ressortent gagnant dans tous les cas – car il n’y a pas de mauvaise publicité, comme on apprend très rapidement en école de commerce et sans doute de journalisme aussi.

Mais je m’égare. J’ai accepté la demande d’interview de ce type justement parce qu’il n’est pas comme ça. Enfin je l’espère. Ezra Cooper. J’aime bien son approche du journalisme. Il donne la parole à tout le monde, aux invisibles comme aux puissants, parce que tout le monde a quelque chose à dire. Et il ne verse pas la facilité, le titre aguicheur, on sent qu’il ne fait pas ça juste pour qu’on parle de lui. En tout cas, c’est ce que je me suis quand j’ai fait quelques recherches sur lui histoire de savoir à qui j’allais avoir à faire. J’imagine que s’il travaillait pour un plus grand journal, ou quelque chose de beaucoup plus mainstream, ce serait différent. Bref. J’ai accepté de le rencontrer. De toute façon, c’est aussi une partie de mon métier, les relations publiques. Parler aux journalistes même si je n’aime pas ça, donner une bonne image de la boîte que je dirige ; même si, bien sûr, c’est surtout le joli minois des actrices qui fait vendre.

Je regarde l’heure sur l’écran de mon ordinateur. Nous avions convenu d’un rendez-vous à dix heures, et nous y sommes presque. En fait, il est même déjà là, l’hôtesse d’accueil m’a confirmée son arrivée il y a quelques minutes. Il ne devrait donc pas tarder, et … ah, ben le voilà justement. J’ai laissé la porte de mon bureau entrouverte, pour pouvoir le voir arriver. Je me lève de ma chaise, et vais l’accueillir avec un grand sourire sitôt qu’il eut frappé à la porte. Je prends une seconde pour le regarder de haut en bas. Joli costume, qui s’assortit très bien avec mon tailleur habituel, le gris. Et l’homme qui se trouve à l’intérieur n’est pas trop mal non plus d’ailleurs. « Bonjour Monsieur Cooper. », je lui dis avec un sourire en lui tendant ma main. « Mademoiselle Henry, c’est un honneur et un plaisir de vous rencontrer. Je vous remercie de m’accorder cette interview. », me répond-t-il en me faisant un baisemain. Oh. Que c’est élégant. Et … un peu inattendu aussi, mais soit. C’est très britannique en tout cas. « Avec plaisir. Et merci à vous de vous intéresser à moi ! », que je lui réponds poliment. Même s’il n’est pas le premier. On m’a déjà interviewée une fois ou deux, notamment lorsque j’ai pris le poste il y a cinq ans. Normal. Je débarquais de nulle part, ou presque. Je me souviens que je n’avais pas été très à l’aise. Evidemment, je n’avais jamais été formée pour ça. Mais aujourd’hui, ça devrait se passer beaucoup mieux. Je suis en terrain connu.

« C’est un beau vaisseau amiral que vous avez là. Les lecteurs de True London Stories ont hâte d’en savoir plus sur la capitaine qui dirige son bel équipage. », reprend monsieur Cooper. « J’espère être à la hauteur de leurs attentes. » On peut déjà en savoir plus sur moi en cherchant mon nom sur Internet, ou celui que j’utilisais quand j’étais encore actrice, mais il y a pas mal d’approximations, de choses fausses, et puis tellement de choses que je suis la seule à savoir aussi, bien sûr. Autant ça ne me gêne pas d’exposer mon corps à la vue de tous, autant je n’aime pas trop en dire sur ma vie privée, paradoxalement. Même si … c’est pareil … me montrer, c’était mon boulot qui voulait ça.

« Je vous prie, asseyez-vous. », dis-je au journaliste en désignant le siège en face du mien. « Vous prendrez quelque chose à boire ? » Moi, en tout cas, je vais prendre un whisky. J’en bois pas souvent, je le réserve à des occasions comme celle-ci. Croyez-moi, ça aussi cela fait partie du boulot. Mince, ça sonne bizarre dit comme ça … bah, tant pis. « Je me suis renseignée un peu sur vous. », je commence en ouvrant la bouteille de whisky que j’avais mise au frais dans le minibar pour l’occasion. « Vous ne ressemblez pas à un journaliste ordinaire. C’est aussi pour ça que j’ai accepté de vous rencontrer. » Je me rassieds à mon bureau. Un nouveau sourire en regardant bien le journaliste dans les yeux, puis je poursuis : « Enfin bref. Nous pouvons commencer, si vous le voulez bien. »

Inutile de s’attarder en politesses. Il est venu là pour faire son travail. Pour me poser des questions, et moi je suis là pour y répondre. Je lance un regard furtif à la photo encadrée d’Alicia sur mon bureau, comme pour me donner du courage.  

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Ezra & Hayley
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Dim 18 Avr - 13:06

Certaines personnes se mettent sur la défensive face à un journaliste, quand bien même elles ont expressément accepté leur demande d’interview. Parfois, la réaction est totalement inconsciente. Comme l’attitude face à un animal dangereux.
Car le journaliste est l’intermédiaire, entre soi et l’image qu’on transmet de soi à une ribambelle d’inconnus. De la même manière que les photographes altèrent la réalité avec leurs jeux de lumière et les retouches sur Photoshop, le portrait d’un reporter n’est jamais totalement authentique. On lui demande juste d’être fidèle.
Hayley Henry, quant à elle, semble très détendue.

Il faut dire qu’elle a déjà dévoilé l’ensemble de sa personne face aux caméras.

Ezra a toutefois appris que dévoiler l’intimité de son corps et les pans de sa vie personnelle sont deux affaires distinctes. La pudeur est une notion flexible, propre à chaque individu.
Affable, il s’installe sur le siège que lui indique la patronne de Paradise Production. Son regard enregistre les détails de la pièce, des lauréats accrochés aux murs aux objets les plus banals. Dans le bureau d’une entreprise du sexe, on s’attend presque à trouver l’effigie d’une naïade en guise de presse-papier !

« Vous prendrez quelque chose à boire ? »

— Avec grand plaisir, répond-il du tac au tac.

When in Rome, do as the Romans do. Cette parole de sagesse ne sert pas seulement à sociabiliser, mais aussi à se fondre dans la personnalité de son hôtesse.

Et pour démarrer un entretien au whisky, il faut une sacrée personnalité !

L’impression d’Ezra se confirme : la directrice a mené des recherches sur lui. À l’intensité franche son regard, il comprend que Hayley s’est elle-même acquittée de la tâche. La plupart des élites choisissent plutôt de confier les basses besognes à des subalternes. Un très bon point pour cette femme d’affaires atypique.

Aime le contrôle, prendre en main ce qui la concerne directement, note-t-il mentalement.

« Vous ne ressemblez pas à un journaliste ordinaire. »

Ezra se fend d’un sourire faussement outré.

— Si je ne ressemble pas à un journaliste ordinaire, j’espère ne pas ressembler au livreur de pizza du quartier. Sans vouloir manquer de respect à ces courageux motocyclistes qui sauvent de la famine des milliers de nos concitoyens, bien entendu.

Le journaliste pas ordinaire accuse néanmoins le compliment avec fierté. True London Stories n’a pas vocation à concurrencer le London Times, mais à proposer une ligne éditoriale en phase avec la société londonienne d’aujourd’hui. Qu’une patronne résolument moderne comme Hayley Henry le trouve digne d’intérêt est une preuve de sa pertinence.

Il reçoit le verre de whisky avec courtoisie, offrant à sa bienfaitrice son plus beau sourire.

— On m’offre rarement du Glenfiddich, relève-t-il en humant le liquide aux flagrances subtiles. C’est la tradition qui vous attire, ou la richesse de ses arômes ?

Son interlocutrice acte le début de l’entretien. D’un plissement espiègle des paupières, Ezra goûte le savoureux whisky du bord des lèvres.

— Oh, mais nous avons déjà commencé, assure-t-il.

À ses yeux, l’entretien a commencé dès l’instant où la directrice est venue l’accueillir.
Dès l’instant où il a franchi l’entrée du bâtiment et commencé à s’imprégner des lieux, pour être honnête.

— Vous permettez que j’enregistre ? s’enquit-il en tirant un téléphone de sa veste, qu’il pose sur le bureau. Je trouve inélégant et perturbant de griffonner des notes écrites pendant une discussion. Rien ne vaut la spontanéité et les échanges libres. Mais je peux procéder à l’ancienne, si vous préférez.

Le journaliste profite de la mise en place pour se déporter sur le côté et jeter un œil sur la photo que sa vis-à-vis a furtivement observé.

Une petite fille.

Nul besoin d’être enquêteur pour devenir laquelle. Malgré ses cheveux foncés, la ressemblance avec la mère crève les yeux.
Ezra aura le temps d’y venir.
Il n’est jamais bon d’attaquer une interview par la famille.

Il se pose sur son siège, bras en appui sur l’accoudoir.

— Toutes sortes de rumeurs courent à votre sujet. Vous avez fait fantasmer toute une génération, et comme toujours les fantasmes nourrissent les récits les plus fantaisistes. Pensez-vous que cela fait partie du jeu ? Dans les médias mainstream, la plupart des acteurs et écrivains mènent une carrière différenciée de leurs rôles ou de leurs œuvres. On les connaît en tant que Tom Hiddleston et J.K. Rowling, sans identité intermédiaire avec Loki ou la créatrice de la saga Harry Potter. En tant qu’ancienne actrice, autrice et directrice de Paradise Production, prônez-vous une convergence ou êtes-vous attachée aux spécificités de l’univers adulte ? Demain, pensez-vous qu’il y aura toujours des Goldie Rose nimbées de mystères, ou plutôt des Hayley Henry s’affichant partout comme des femmes ordinaires ?
Beaucoup s’interrogent d’ailleurs sur les origines de cette rose dorée. Est-ce à cause de la tenue que vous portiez dans vos débuts de stripteaseuse, comme l’ont suggéré certaines publications ? Par pitié, mettez un terme à quinze ans de débats passionnés !



@Hayley Henry
Hayley Henry
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Hayley Henry
Since : 11/03/2021 SMS : 304
Mer 21 Avr - 21:44

Queen of Paradise
Monsieur Cooper est à peine entré dans mon bureau, et notre entretien n’est pas encore commencé mais j’arrive déjà à cerner quel type de personne il est – ou du moins l’impression qu’il me donne être. Très sûr de lui. Un côté gentleman aussi, bien maniéré. En un mot, intéressant. Même si ce n’est peut-être qu’un visage qu’il montre, qu’il n’est pas toujours réellement comme ça, que c’est son rôle de journaliste qui veut ça. Enfin … pour ce que ça change. Je m’en fiche de comment il est réellement ou non. J’espère juste satisfaire sa curiosité et surtout, ne pas m’en sortir trop mal – j’ai beau être beaucoup plus à l’aise avec ce genre d’exercice qu’à une certaine époque, ce n’est pas non plus ce que je préfère faire. J’adore parler pourtant. Mais bref. Je propose à un verre au journaliste qu’il accepte avec grand plaisir. Pendant que je nous verse deux verres de whisky, je le complimente un peu. C’est à la fois sincère, et à la fois juste pour être certaine qu’il soit dans de bonnes dispositions vis-à-vis de ma personne – mieux vaut qu’un journaliste soit de bonne humeur.

« Si je ne ressemble pas à un journaliste ordinaire, j’espère ne pas ressembler au livreur de pizza du quartier. Sans vouloir manquer de respect à ces courageux motocyclistes qui sauvent de la famine des milliers de nos concitoyens, bien entendu. », me répond-il avec un sourire. Wow. Qu’est-ce qu’il parle bien. Pardon. Mais … c’est pas vraiment ce que j’entendais par là. Tout en faisant « non » de la tête, je lui réponds : « Je ne parlais pas de votre apparence. Je me disais juste que … Bah, c’est sans importance. » Et difficile à expliquer. Surtout qu’il a sans doute déjà compris. Il n’a pas l’air bête.

Je dépose le verre de whisky devant le journaliste. « On m’offre rarement du Glenfiddich » , commence-t-il en inspectant son contenu, « c’est la tradition qui vous attire, ou la richesse de ses arômes ? » Merde, un spécialiste. Euh … qu’est-ce je dois répondre à ça ? Je bois une première gorgée, lentement, histoire de me donner un peu de temps pour réfléchir. L’honnêteté, c’est encore le mieux. « En vérité, je ne m’y connais pas beaucoup. Euh … c’est une bouteille que je garde pour les occasions ... spéciales, disons. », je lui avoue avec un sourire. De toute façon, je préfère le bourbon, mais je vais me garder de le lui dire, je n’ai pas envie de risquer une guerre entre nos deux pays. Bref … maintenant, on peut commencer. Après avoir réglé quelques détails. Si je lui permette que j’enregistre ? J’imagine que je n’ai rien contre. C’est sans doute plus pratique, et ça évitera que mes propos soient déformés – parce que ça arrive souvent avec les journalistes. Et même s’il diffère quelque peu d’eux, autant ne pas prendre ce risque. « Bien sûr, allez-y. » Je me cale confortablement sur le cuir de mon siège, et me prépare à répondre à ses questions.

Et quelles questions ! Je m’attendais à ce qu’elles soient un peu plus … simples à répondre pour un début d’interview. Mais soit. Il veut des réponses, et il les aura. Je prends une nouvelle lampée de whisky et commence : « Eh bien, pour votre première question, je vais que le porno est un monde de fantasmes. C’est même … hum, celui dans lequel ils se réalisent. Et il y en a pour tout le monde, je dirais. Tout le monde y trouve son compte. Après, le monde du porno en lui-même nourrit des fantasmes. C’est souvent un monde assez fermé. On se demande ce que ça fait de travailler là-dedans, est-ce que c’est aussi fun que de le regarder, tout ça … » Et ça, on peut le savoir en lisant mon premier livre, il y a plein d’anecdotes … mais je ne vais pas en faire la pub. Il est sorti il y a un paquet d’années maintenant. Il a dû en entendre parler s’il a fait quelques recherches sur moi, il s’est plutôt bien vendu. Bon, maintenant, la deuxième question. « Hum … Je pense que le porno sera toujours un univers à part. Puisque vous parlez de ça, le pseudonyme qu’on prend souvent permet de faire comprendre qu’on est un genre de personnage … que le Johnny Sins des pornos (un très bon ami à moi par ailleurs) n’est pas tout à fait pareil que le Steve Wolfe de la vraie vie. Bien sûr, le pseudonyme au tout début du X c’était pour des raisons de … euh, confidentialité disons, même si c’est peut-être pas le bon mot. Un moyen de se cacher un peu si on n’arrivait pas à assumer son activité sous son vrai nom. Après c’est plus devenu une tradition. C’est mon avis en tout cas. Aujourd’hui, ça change un peu, de plus en plus d’actrices et d’acteurs utilisent leur vrai nom. L’essor d’Internet a dû y contribuer, aussi, parce que ça ne sert plus à rien de se cacher derrière un faux nom quand on peut trouver si facilement le vrai. » Je m’arrête quelques secondes pour réfléchir, puis reprends. Elles ne sont pas simples, ses questions. Mais très intéressantes. Et je suis bien contente qu’il enregistre parce que le pauvre, il n’aurait jamais pu noter tout ça aussi vite. Là, c’est comme si c’était une bête discussion. C’est bien plus agréable.

« Après, vous savez … les acteurs pornos sont des gens ordinaires. Avec juste un métier inhabituel. » Ouais. Evidemment, c’est pas aussi simple que ça. Mais je ne rentrerai pas dans les détails. Sauf s’il me le demande. Ce dont je ne doute pas. Et je ne lui en tiendrai pas rigueur. C’est son boulot, après tout.

« Pour mon propre pseudo … » je change un peu de position sur ma chaise, croisant une de mes jambes au-dessus de l’autre, jouant un peu avec mes cheveux. « J’ai peur que ce ne soit pas très intéressant. Goldie, ça vient de Goldstein, le nom de jeune fille de ma mère. Rose, c’est simplement mon second prénom. Je trouvais que les deux allaient bien ensemble. Ça m’est venu comme ça. Au début d’ailleurs, c’était juste Goldie. C’était mon nom de stripteaseuse. » Ouais. Voilà toute l’histoire. Enfin, toute l’histoire de ce nom que j’ai porté si longtemps. Maintenant, je suis Hayley Henry. Juste Hayley Henry.

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Ezra & Hayley
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Dim 25 Avr - 12:05


Hayley Henry semble quelque peu décontenancée, dans le bon sens du terme. Une lueur intéressée brille dans son regard clair. Ses épaules frémissent inconsciemment avant de prendre la parole, pendant qu’elle cogite sur les sujets réflexifs où l’entraîne Ezra.
Celui-ci n’a aucune intention de gaspiller un temps précieux avec une série de questions normalisées. Celles qu’on enseigne encore dans les écoles de journalisme, adaptées à la sauce web 2.0 pour leur conférer un semblant de modernisme. Autant demander à la patronne du Paradise de remplir un formulaire en ligne, apte à remplir les colonnes d’un torchon superficiel. Après tout, certains lecteurs s’en contentent.
Mais ce serait un immonde gaspillage.
La directrice de Paradise Production est une pierre précieuse, un joyau à multiples facettes qu’il faut polir pour en capter l’éclat. Elle mérite mieux qu’un interrogatoire sur la marque de shampoing qui rehausse la flavescence de ses cheveux. Une volée de questions sur les secrets de son visage de quadragénaire remarquablement préservé. Ou encore des images tirées de son dernier lieu de villégiature. Vingt ans d’une vie riche et atypique réduits à un flacon de cosmétique et un selfie ? Pouah !
Ezra mesure sa chance et la saisit.

Les réponses de l’ancienne actrice porno confirment le flair du journaliste. Elle prend toujours le temps de réfléchir. Pas superficielle, la nana. Elle ne vomit guère des mensonges, avouant même sa méconnaissance du whisky offert à son invité. Pas d’égo surdimensionné, contrairement à tant d’hommes et de femmes parvenus au firmament de la pyramide sociale. Franche, elle n’essaie même pas de tourner les questions à son avantage. Pas de blabla politicien. La belle voix qui s’enregistre sur l’iPhone porte la promesse d’un article intéressant pour les lecteurs. Une vision, des réflexions utiles faire avancer les débats qui gravitent autour de son univers longtemps resté tabou.

De l’or. Cette femme vaut de l’or.

Ezra exulte. Il aurait peut-être bien fait de prendre un carnet et un stylo pour occuper ses mains, en fin de compte. Faute de mieux, ce sont ses boutons de manchettes qu’il presse, fait tourner entre ses doigts et manipule.

« Après, vous savez … les acteurs pornos sont des gens ordinaires. Avec juste un métier inhabituel. »

Hayley Henry prêche un converti. L’explication – la révélation – sur l’origine du pseudonyme Goldie Rose apporte la touche finale à cette description pertinente qu’Ezra reprendra mot pour mot dans son article.

— Vous venez de faire l’éloquente démonstration de cette normalité, en plus de mettre un terme à plusieurs années de conflits entre théories concurrentes. N’est-ce pas réjouissant, de contribuer à la paix dans la monde ?

Le journaliste se fend d’un sourire amusé, mais certainement pas moqueur. Certes, il en faudra plus à mademoiselle Henry pour devenir ambassadrice de la paix au sein de l’ONU. Pour autant, il ne faut pas sous-estimer la propension des fans à se déchirer sur des sujets triviaux. En ce qui concerne Goldie Rose, tout le monde avait tort…

Ezra se frotte la barbe, les yeux pétillants d’enthousiasme. Il sent que son interlocutrice a mis le doigt sur un thème essentiel.

— J’aimerais revenir sur le contraste existant entre la normalité de la personne et la singularité du métier. C’est un point qui revient souvent dans les débats autour de l’industrie du X. Cela touche à l’intime, à notre héritage culturel et notre conditionnement moral. Pour une part encore significative de la population, ces métiers sont incompatibles avec leurs valeurs ou croyances religieuses. Vous êtes-vous toujours considérée comme un esprit libre ? Hors normes ? Pourquoi cette succession de métiers à part – stripteaseuse, actrice X, autrice d’ouvrages érotiques, directrice d’une grande société pour adultes – plutôt que d’autres ?

L’argent est la motivation qui revient le plus souvent : on entre dans le milieu sans aucun diplôme et il ne connait jamais la crise. Cependant Ezra soupçonne qu’il y a plus. Les gens qui se hissent au sommet ont toujours quelque chose de plus. L’atout physique de Goldie Rose, une blonde aux yeux bleus avec des courbes harmonieuses, n’explique pas à lui seul son formidable succès.
Ezra scrute l’énigmatique femme d’affaires, à la fois ouverte et étrangement insondable. Hayley Henry lui donne l’impression de sélectionner avec soin ce qu’elle est prête à révéler.

— On imagine que ça n’a pas dû être facile, au début. Le regard de vos amis et de votre famille a-t-il changé ? Avez-vous subi des réactions hostiles, voire du rejet de leur part ? Il y a aussi le lien entre votre pseudonyme et votre mère, qui signe peut-être une relation privilégiée à cette période de votre vie. Lui avez-vous dit la vérité dès le début ? Comment réagit une mère quand sa fille lui avoue tourner des scènes pornographiques ?

Premier sujet vraiment délicat ! Quand Ezra songe à ses parents et leur petite vie bien rangée, il espère vivement que les Henry forment une famille plus progressiste que les Cooper. Ou alors la fillette sur la photo ne verra jamais ses grands-parents.

— Comme vous l’avez souligné à juste titre, l’acceptation a fait un bond de géant depuis le début du millénaire. La popularisation du streaming internet a joué un rôle évident, mais cette tolérance accrue passe aussi par le progrès social. À vos débuts, il fallait sans doute une grande volonté pour qu’une jeune femme assume cette vie et perce dans le milieu. Durant vos années d’activité, avez-vous songé à arrêter pour reprendre le fil d’une vie ordinaire ? Vous arrive-t-il de regretter vos choix ?

Ezra porte une main contre sa poitrine.

— On perçoit en vous une capacité de résilience, une force intérieure, mais ce sont souvent les épreuves de la vie qui façonnent ces qualités.


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Hayley Henry
Since : 11/03/2021 SMS : 304
Mer 5 Mai - 22:48

Queen of Paradise
Les questions de Monsieur Cooper ne sont pas des plus simples mais je pense ne pas m’en être trop mal tirée. Je dois bien dire que j’ai été un peu surprise au début, qu’il pose si rapidement ces questions intéressantes et qui ont besoin d’avantage qu’une courte phrase comme réponse ; agréablement surprise. Un peu déroutée aussi, mais je crois avoir plutôt bien géré les choses et ne pas avoir dit trop de conneries. Enfin, je l’ai bien senti en tout cas. On verra bien.

« Vous venez de faire l’éloquente démonstration de cette normalité, en plus de mettre un terme à plusieurs années de conflits entre théories concurrentes », me dit Ezra après que j’eusse terminé de répondre à sa première salve de questions. « N’est-ce pas réjouissant, de contribuer à la paix dans la monde ? » Il sourit ; moi aussi. Ah, si seulement c’était si simple … si avec de simples mots et un peu de réflexion on pouvait régler tous les problèmes … « Si seulement on pouvait régler le conflit israélo-palestinien si facilement ! », je réponds en riant un peu. J’en parle jamais, parce que la politique ça me gonfle, mais ça c’est un peu important pour moi … pour diverses raisons. Mais passons et concentrons-nous sur la suite. L’interview ne fait que commencer et j’ai bien hâte d’entendre les prochaines questions du journaliste. Il y a quelque chose de … satisfaisant dans cet exercice, je trouve. Ou bien c’est juste parce que j’adore parler.

« J’aimerais revenir sur le contraste existant entre la normalité de la personne et la singularité du métier. C’est un point qui revient souvent dans les débats autour de l’industrie du X. Cela touche à l’intime, à notre héritage culturel et notre conditionnement moral. Pour une part encore significative de la population, ces métiers sont incompatibles avec leurs valeurs ou croyances religieuses. Vous êtes-vous toujours considérée comme un esprit libre ? Hors normes ? Pourquoi cette succession de métiers à part – stripteaseuse, actrice X, autrice d’ouvrages érotiques, directrice d’une grande société pour adultes – plutôt que d’autres ? » J’écoute Ezra en hochant doucement la tête, comme si ça allait m’aider à mieux assimiler. Plein de gens font ça d’ailleurs. En plus d’autres habitudes bizarres, comme plisser les yeux pour mieux entendre. L’être humain est étrange, parfois. Bref.

« Eh bien … », je commence, cherchant un peu mes mots. « Je suis issue d’une famille juive, et comme toutes les régions le judaïsme ne voit pas forcément d’un très bon œil notre profession. Et si ce n’était que ça … mais c’est un autre débat. Pour autant, je n’ai jamais particulièrement eu de problèmes à cause de ça, pas eu à subir de retombées. J’imagine que c’est parce que j’ai jamais cherché à provoquer ces problèmes ; je ne me suis jamais amusée à tourner dans une synagogue ou quoi que ce soit. C’est pas le cas de … hum, tout le monde, avec d’autres religions. » J’ai quelques noms en tête, mais je me tairai. Parce que je veux éviter les problèmes et que la politique ça m’emmerde comme je l’ai déjà dit. « Pardon, j’ai un peu dérivé du sujet. Bref … En réalité, j’ai toujours suivi une philosophie très simple. Faire ce qui me plaît. Bien sûr, j’ai eu une phase « rebelle » comme tout le monde je pense, j’ai toujours été une punk dans l’âme (je ris doucement) mais je me considère pas spéciale ou différente ou quoi que ce soit. J’essaie juste de faire les bons choix dans ma vie. Mes différents boulots, je les ai eu parce que j’ai su saisir des opportunités. Et parce que j’ai eu un peu de chance aussi.  Je suis devenue stripteaseuse pour payer mes cours à la fac et juste gagner de quoi vivre, tout simplement. Ma bourse d’études m’avait été retirée, j’aurais pu choisir un métier plus ordinaire mais l’idée de vivre, hum … du regard des autres me plaisait bien. Le porno, c’est venu plus tard. J’ai voulu essayer par curiosité, ça m’a plu, j’ai continué. » Pour résumer. « Ecrire des livres, c’est juste une passion. J’avais commencé à en écrire un pendant ma … ma grossesse, plus pour m’occuper qu’autre chose. J’ai vu que j’aimais bien ça et que les gens semblaient trouver que je le faisait pas trop mal, alors j’ai continué. Mais c’est vraiment plus une passion en réalité, je suis pas assez prolifique pour gagner de quoi vivre avec ça. Enfin … à un moment je pensais vraiment vivre de ça, mais j’ai eu le syndrome de la page blanche pendant quelques temps. Alors je me suis dit qu’il fallait mieux que je me trouve un « vrai » travail, alors j’ai tenté ma chance auprès de Paradise, sans espérer vraiment que ça marche … et puis me voilà. » Bon. J’ai beaucoup parlé, alors je reprends un peu de whisky avant de répondre aux autres questions du journaliste.

Je grimace un peu quand il en vient à évoquer ma mère. Je … ça fait très longtemps qu’elle n’est plus là, parler d’elle ne me rend plus triste mais ça me fait toujours ressentir quelque chose. Une espèce de … nostalgie. Et ça me fait me poser des questions. Est-ce que j’aurais fait la même chose si elle n’avait pas été tuée, est-ce que ma vie aurait été différente ? Je sais pas. Evidemment. Impossible de le savoir. Je sais que j’aurais eu un petit frère ou une petite sœur, peut-être même plusieurs. On ne me l’a dit que plusieurs années après, mais maman était enceinte lorsqu’elle est morte. D’un mois à peine ; elle-même n’en avait sans doute aucune idée. Putain … ce malade a pris deux vies ce soir-là.

Bon. N’y pense plus, putain. N’y réfléchit pas. Réponds plutôt à sa question. Le regard des autres sur mon métier, les réactions de leur part … Ca, c’est une question plus classique, qu’on m’a souvent posé. Mais je vais y répondre quand même, bien sûr. « Evidemment. Certains de mes amis n’ont pas compris mon choix. Certains m’ont insultée. Même encore aujourd’hui il y a pas mal de gens qui ne font pas la différence entre actrice porno et prostituée … On m’a traitée de pute, de salope, tout ça, vous voyez le tableau … Ces types je les ai juste sortis de ma vie. Mon père, lui, l’a plutôt bien accepté … il était très surpris bien sûr, il ne me voyait pas vraiment faire ça de ma vie, en fait il s’est surtout inquiété pour moi et pour ma sécurité, il avait un peu peur … mais il m’avait toujours dit de faire ce que j’aimais, alors c’est ce que j’ai fait. » Je marque une petite pause, pour me préparer mentalement au moment fatidique. Parler de ma mère. Allez. Pas besoin de s’étendre là-dessus. Tu parles déjà beaucoup trop, Hayley. « Et ma mère … Hum. Elle est morte quand j’avais cinq ans. Alors j’imagine que je ne saurais jamais ce qu’elle en aurait pensé. » Un petit sourire pour faire comprendre à Ezra qu’évoquer ce sujet ne m’ a pas trop gênée, puis je continue l’interview.

« Le seul moment où j’ai voulu arrêter, c’est quand je me suis rendu compte que j’avais envie de faire un peu autre chose, après une petite dizaine d’années de carrière. J’avais trente ans et le porno commençait à me lasser. J’ai continué malgré tout quelque temps car je ne me voyais pas faire autre chose. Puis je suis tombée enceinte et … On pourrait dire que je me suis servie de ça comme une porte de sortie. Je ne me voyais pas continuer ce métier avec un bébé à élever. Alors j’ai tourné un dernier film - c'était en Décembre 2013, je m’en souviens très bien, et j’ai arrêté. » Wow, ça fait déjà si longtemps. J’ai l’impression, parfois, que c’était une autre vie. En fait, je me sens comme si j’avais vécu plusieurs vies différentes. C’est chelou. « Je dois bien avouer que parfois, j’ai envie de retourner devant la caméra. Puis je me dis, pour parler familièrement, que c’est une idée de merde. » Il n’y aurait pas Alicia, j’y retournerais sans trop hésiter, pour être honnête. Mais voilà, j’ai justement arrêté à la base à cause d’Alicia. Bah, même sans avoir eu celle que j’aime le plus au monde, j’aurais sans doute fini par arrêter quelques années après. Alors bon …

« On perçoit en vous une capacité de résilience, une force intérieure, mais ce sont souvent les épreuves de la vie qui façonnent ces qualités. », dit Ezra. Oh. C’est … gentil ? Merci j’imagine. « Tout le monde est éprouvé par la vie à un moment où à un autre, je pense. » La vie est une pute, qui fait payer tout le monde. Personne n’y échappe.

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Dim 9 Mai - 8:20

Ezra accueille les paroles de la directrice avec la passion d’un féru d’astronomie assistant à une conférence de feu Stephen Hawkin. À la différence notable que la jolie blonde est bien plus agréable à l’œil que le génie des trous noirs, et que sa voix flutée oralise un discours compréhensible sans doctorat. Une blonde de plus qui fera taire les blagues sexistes sur le manque supposé d’intelligence des femmes couronnées de filaments de lumière.

Certes, Hayley Henry a écrit un livre. L’écriture est un exercice difficile, éprouvant pour l’intellect. Organiser ses idées, les coucher sur des centaines de pages requiert une discipline d’acier. Il faut ensuite relire, corriger. Sacrifier des paragraphes, en écrire de nouveaux. Jadis, Ezra s’attribuait les mêmes mérites que les sculpteurs d’histoire : lui aussi écrit quotidiennement, affûte ses mots et publie. Mais après plusieurs interviews face à des écrivains débutants et chevronnés, Ezra s’est rendu à l’évidence : la genèse d’un livre représente une tâche colossale – spécialement le premier.
Certes, on pouvait soupçonner Hayley Henry d’avoir recouru à un ghostwriter, ou de motiver ses éditeurs lors de rendez-vous privés dans une chambre d’hôtel.
Certes, le livre n’a remporté aucun prix littéraire – comme 99,99% des ouvrages publiés.
Alors que la jeune quadragénaire dévoile ses forces et ses failles avec une rare sincérité, Ezra acquiert la conviction de faire face à une authentique auteure. À un esprit capable et polyvalent. Le journaliste s’en doutait, avant même de la rencontrer : seule une femme très avisée peut émerger de la scène X afin de prendre les rênes d’une grosse société, comme elle a pris les rêves de sa propre vie.

Quelle histoire !

Des étoiles scintillent dans les yeux d’Ezra. Des picotements fourmillent sur son épiderme. Tel un animal captant les bouleversements électromagnétiques qui annoncent le tonnerre, le journaliste flaire l’article d’exception. Des mots s’assemblent en phrases percutantes dans son esprit, qu’il mémorise pour plus tard.
Le témoignage de Hayley Henry, ses honnêtes confidences offrent au monde un récit de vie puissant. Une biographie qui inspirera des lecteurs, bousculera des idées reçues et fera bouger les lignes.
Ezra brûle d’enthousiasme mais ne se leurre pas : à l’échelle du pays, son article produira un simple frémissement.
Il sait aussi que chaque tremblement de terre commence par une faible secousse.

Merde alors…

Sa secousse à lui, ce sont les médisances qui se sont abattues sur l’ancienne actrice comme des chutes de grêles. Elle en parle avec une telle aisance ! Ezra a pourtant l’impression de recevoir des directs à l’abdomen. Il contracte ses abdominaux, comme son coach de boxe lui a enseigné. D’instinct, ses poings se serrent pour riposter. Il encaisse d’un claquement de mâchoire la perte de la figure maternelle – disparition qui laisse un vide indélébile dans le cœur d’une enfant.

Ezra remue sur son siège, troublé par les confidences de sa vis-à-vis. Quelle force d’âme ! Beaucoup d’hommes enferment les femmes de son ancienne profession dans un rôle de « pute soumise ». Celle qui fut Goldie Rose renvoie une image à l’opposé de ce cliché.

Elle n’a pas l’air de se rendre compte de sa singularité : inconscience ou authentique humilité ?

Ezra s’exalte. Une envie pressante de nicotine explose à l’intérieur de sa poitrine. Son regard vif parcourt le bureau sans relever la présence de Malborro ou autre usine à cancer. De toute façon, je n’allais pas griller une clope comme un sale con qui se croit tout permis.
Le journaliste n’oublie pas qu’il est un invité. Un invité privilégié, fort bien accueilli de surcroît. Un sourire étire ses lèvres en repensant à l’hôtesse d’accueil. L’ouverture de la jeune femme préfigurait l’interview diablement intéressante qui allait suivre.
D’un geste volontaire, il attrape son verre de whisky et le vide d’un trait. Sa gorge menace de cracher des flammes, mais la sensation est vivifiante. Paradoxalement apaisante. L’alcool est un bon substitut à la nicotine… jusqu’au moment où les molécules éthyliques traversent la barrière hémato-encéphalique pour vriller la cervelle.
En attendant, le crâne d’Ezra Cooper est déjà le théâtre d’un véritable feu d’artifice.

— Pour résumer votre parcours, vous avez suivi vos envies et fait les bons choix au bon moment. Cela paraît simple, et même évident lorsqu’on l’écoute. Pourtant, cela réclame un courage et une lucidité que peu d’entre nous possèdent. C’est particulièrement vrai pour les relations toxiques : en plus de nous ralentir, à la manière de boulets que nous traînons au pied, elles ont le chic pour nous entraîner vers le fond. Dans un univers alternatif, je suis sûr que vous auriez pu mener une brillante carrière d’athlète – je pense en particulier aux disciplines de parcours d’obstacles. À une autre époque, vous auriez peut-être endossé l’habit de pirate des mers et fait concurrence à Anne Bonny.

Ezra se fend d’un large sourire. Les vidéos de Goldie Rose montraient d’ailleurs le fabuleux jeu de jambes de l’actrice. Et manifestement, le palais de cette femme atypique ne rechigne pas à un bon whisky.
Le regard du journaliste se déporte quelques secondes, cherchant ses mots par-delà la fenêtre qui donne sur les grands bâtiments du quartier.

— La maternité a marqué une rupture importante dans votre vie. Ce qui me frappe, c’est que votre fille est arrivée au moment opportun – comme toutes les occasions que vous avez eu l’intelligence de saisir, d’ailleurs. Diriez-vous qu’aujourd’hui, Alicia exerce une influence notable sur vos projets ?

Ezra se rappelle un article paru dans le Times la semaine dernière. À son tour d’agir comme Hayley Henry, et de saisir les perches que la vie lui tend !

— Récemment, même si le sujet ne date pas d’hier, des psychologues et sociologues ont tiré la sonnette d’alarme sur l’impact de la pornographie sur la jeunesse. Beaucoup d’adolescents découvrent la sexualité sur l’écran de leur smartphone, en première année de collège voire avant. Les vidéos X, en particulier, sont facilement accessibles sur internet et le contrôle parental forme un bouclier inefficace. Les adolescents prennent ces représentations pour modèles, ce qui affecte leurs pratiques sexuelles. Or, comme nous l’évoquions tout à l’heure, le porno est essentiellement un univers de fantasmes destiné aux adultes. Le débat est vaste et complexe, cependant tout le monde s’accorde à dire qu’on ne peut le restreindre aux domaines techniques et législatifs.

Ezra s’humecte les lèvres. Le sujet est brûlant, en particulier en Angleterre où maints projets de loi sur l’accès aux sites adultes ont été débattus au parlement. C’est justement pour cette raison que le point de vue – unique – d’une femme comme Hayley Henry est précieux.

— En tant qu’ancienne actrice X et mère de famille, quel est votre avis à ce sujet ? Quel message désirez-vous transmettre aux parents dont les jeunes adolescents découvrent la sexualité à travers les créations de Paradise Production ? Pensez-vous que les entreprises du secteur doivent entreprendre ses actions ? Envisagez-vous, par exemple, d’investir dans des programmes éducatifs à destination des plus jeunes, visant à séparer le fantasme de la réalité ?

Masque d’aménité sur le visage, le journaliste croise placidement les mains sur son ventre. Hayley Henry se pose probablement ces questions depuis la naissance de sa fille, et même avant. D’ici quelques années, il est fort probable que des camarades de classe révèleront à Alicia que plusieurs vidéos d’une certaine Goldie Rose en pleine action traînent sur des sites web, accessibles après un simple clic sur je déclare avoir 18 ans ou plus. Et que cette fameuse Goldie Rose ressemble à Hayley Henry comme les deux fesses d’un même postérieur.

— Qui sait, ce contenu éducatif pourrait faire l’objet d’un prochain livre, glisse-t-il avec un sourire.

Un kamasutra anglais et moderne, ce serait la grande classe !


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Dernière édition par Ezra Cooper le Lun 10 Mai - 22:41, édité 1 fois
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Queen of Paradise
C’est plus facile que je ne l’aurais pensé de se livrer ainsi. J’appréhendais un peu – après tout ce n’est pas parce que j’ai autrefois dévoilé l’intégralité de mon intimité au monde entier que je ne peux avoir une certaine pudeur. Je sais, c’est difficile à imaginer. Mais c’est comme ça. Je peux avoir suffisamment de confiance en moi pour me montrer dans mon plus simple appareil devant des milliers, millions même de personnes et dans le même temps hésiter à me livrer sur moi, sur ma famille, sur ma vie … mais il le faut bien. Parce ça fait partie du jeu, et parce que je n’ai rien à cacher. Pas de sombres secrets, pas de passé tragique, pas de souvenirs douloureux. Enfin … si. Bien sûr que si. On en a tous. Mais … comme le dit le titre de mon premier livre, j’assume tout. Bref … la voix de monsieur Cooper résonne à nouveau et me fait me sortir de mes pensées.

« Pour résumer votre parcours, vous avez suivi vos envies et fait les bons choix au bon moment. Cela paraît simple, et même évident lorsqu’on l’écoute. Pourtant, cela réclame un courage et une lucidité que peu d’entre nous possèdent. C’est particulièrement vrai pour les relations toxiques : en plus de nous ralentir, à la manière de boulets que nous traînons au pied, elles ont le chic pour nous entraîner vers le fond. Dans un univers alternatif, je suis sûr que vous auriez pu mener une brillante carrière d’athlète – je pense en particulier aux disciplines de parcours d’obstacles. À une autre époque, vous auriez peut-être endossé l’habit de pirate des mers et fait concurrence à Anne Bonny. » Il sourit. Moi aussi. J’apprécie le fait qu’il me laisse parler, m’étendre sans m’interrompre, m’écarter du sujet et divaguer un peu sans doute aussi. Tout le monde n’a pas la même patience, et la même conscience professionnelle. Enfin j’imagine que le fait que notre entretien soit enregistré et pas qu’il ne prenne simplement pas des notes y est pour beaucoup. Bref. « J’avoue que je me verrais bien en pirate », je réponds en riant et en finissant mon verre ce qui est fort à propos. « Une vie plus "normale" ce serait pas pour moi en tout cas. Enfin je crois. » C’était quoi l’autre alternative, dans une réalité parallèle ? Athlète professionnelle ? Peut-être que ça aurait pu arriver, si j’avais continué la gymnastique quand j’étais petite. Ou la danse. Je me souviens que ça me plaisait beaucoup, mais pas autant que le mannequinat – j’ai toujours aimé être le centre de l’attention. Symptomatique d’être enfant unique peut-être. D’ailleurs, à propos d’enfant …

« La maternité a marqué une rupture importante dans votre vie. Ce qui me frappe, c’est que votre fille est arrivée au moment opportun – comme toutes les occasions que vous avez eu l’intelligence de saisir, d’ailleurs. Diriez-vous qu’aujourd’hui, Alicia exerce une influence notable sur vos projets ? » Hum. Oui, c’est certain. Je ne l’aurai pas eue, j’aurai sans doute continué le porno quelques années. Son arrivée inattendue a bouleversé ma vie, basculé les choses. C’était un … heureux accident. « Tout ce que je peux dire, c’est qu’elle a changé ma vie. Je ne me voyais pas continuer dans cette carrière après qu’elle soit née, pour ne pas lui causer du tort plus tard. » Et puis parce que ce serait difficile de concilier un travail aussi prenant que le mien avec l’éducation d’une petite fille, surtout en tant que mère célibataire. Bien sûr, mon père était là pour m’aider mais je ne voulais dépendre de personne. Et puis j’avais suffisamment d’économies de côté pour ne pas avoir besoin de travailler pendant quelques temps ; même si j’ai besoin de travailler, de faire quelque chose de mes journées, c’est bien pour ça que j’ai repris la « vie active » quelques années plus tard d’ailleurs.

« Récemment », reprend Ezra, « même si le sujet ne date pas d’hier, des psychologues et sociologues ont tiré la sonnette d’alarme sur l’impact de la pornographie sur la jeunesse. Beaucoup d’adolescents découvrent la sexualité sur l’écran de leur smartphone, en première année de collège voire avant. Les vidéos X, en particulier, sont facilement accessibles sur internet et le contrôle parental forme un bouclier inefficace. Les adolescents prennent ces représentations pour modèles, ce qui affecte leurs pratiques sexuelles. Or, comme nous l’évoquions tout à l’heure, le porno est essentiellement un univers de fantasmes destiné aux adultes. Le débat est vaste et complexe, cependant tout le monde s’accorde à dire qu’on ne peut le restreindre aux domaines techniques et législatifs. En tant qu’ancienne actrice X et mère de famille, quel est votre avis à ce sujet ? Quel message désirez-vous transmettre aux parents dont les jeunes adolescents découvrent la sexualité à travers les créations de Paradise Production ? Pensez-vous que les entreprises du secteur doivent entreprendre ses actions ? Envisagez-vous, par exemple, d’investir dans des programmes éducatifs à destination des plus jeunes, visant à séparer le fantasme de la réalité ? » Question intéressante. Et qui me concerne, alors j’y ai déjà un peu réfléchi. Ma réponse ne tarde pas à fuser : « Hum … C’est peut-être un peu bateau comme réflexion, mais je pense qu’il faut avant tout éduquer, plutôt que d’interdire ou de pénaliser. Expliquer à ses enfants que le porno n’est pas la réalité, que ce n’est qu’un spectacle, du divertissement qui ne reflète pas la réalité des relations amoureuses et sexuelles. Bien sûr je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire. Tous les parents ne sont pas à l’aise pour parler de ce genre de choses avec leurs ados, et inversement les ados hésitent à se confier à leurs parents sur ça et tout ce qui relève de leur intimité de manière générale. Alors … je sais pas … peut-être que c’est à l’école de faire ça. » Je ne sais pas si ma réponse sera d’une quelconque utilité, mais mon avis sur la question a l’air d’intéresser Ezra alors je le lui donne. « Mais sinon, non, je ne pense pas que ce soit mon rôle d’éduquer. Ce n’est pas mon travail, je pense que c’est mieux de laisser les autorités compétentes s’en charger. Les parents, l’école ou que sais-je. Après, je peux dire aux parents qu’un peu de porno n’est pas forcément un mal. Tant que le jeune est suffisamment mature et a suffisamment de recul pour comprendre que c’est fictif. C’est pas forcément une question d’âge d’ailleurs – mais évidemment je ne recommanderai jamais à personne de laisser leurs enfants regarder du porno s’ils n’ont pas l’âge ! enfin bref, il faut qu’ils sachent que ce n’est pas grave. Bien sûr, il faut s’assurer que le jeune ne tombe pas sur n’importe quel type de porno. Il y a de tout sur Internet, des trucs vraiment sordides parfois. Illégaux même. S’il regarde du porno, demandez-lui pourquoi, ce qui l’intéresse dedans. » Ca fait sens, ce que je dis ? « Enfin, ne prenez pas non plus mes conseils pour argent comptant, ma propre fille n’en est pas encore à l’adolescence, je parle pas en connaissance de cause », je reprends en riant.

Mais elle le sera bientôt, plus vite que je ne veux bien l’imaginer. Et alors sera venue l’heure de lui parler de tout ça. De lui révéler mon passé d’actrice porno, parce qu’il est important qu’elle l’apprenne directement par moi et pas autrement. Qu’elle tombe par hasard sur une vidéo d’une jolie blonde qui me ressemble étrangement. Même si les jeunes filles regardent sans doute beaucoup moins de porno que les mecs de leur âge. Enfin je pense. Je ne prendrais pas le risque dans tous les cas. Vers dix, onze ans, quand elle commencera à devenir une femme et qu’elle sera en âge de tout comprendre, je lui dirai tout.

« Qui sait, ce contenu éducatif pourrait faire l’objet d’un prochain livre », dit le journaliste alors que j’achève ma tirade. Oui, mais non. « Peut-être … » je lui dis malgré tout histoire de créer un suspense inutile. « C’est … tout ce que j’ai à dire à ce sujet en tout cas », je termine avec un petit sourire en regardant le journaliste dans les yeux.

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Sam 15 Mai - 9:34

Ezra absorbe les confidences comme une éponge. Là où le micro de son téléphone enregistre chaque mot avec une précision électronique, codant les intonations de voix sous une forme numérique, le journaliste capture les battements de paupières accompagnant les silences, les subtils plissements de lèvres qui précèdent chaque déclaration. La synergologie représente plus de la moitié de la communication entre deux individus, selon les spécialistes. C’est une manne dont Ezra ne peut se passer.

Le discours d’Hayley Henry est diablement rafraichissant, pour une personne avec ses responsabilités. Même sur les questions plus larges, elle ne cherche pas à fournir des réponses consensuelles ou se forger une image avantageuse. Elle livre ses pensées et ses opinions sans autre censure que celle de sa propre raison. C’est le juste milieu auquel aspire tout journaliste sérieux, situé entre les anarchistes des idées et les robots de la parole.

Ezra n’émet aucun jugement, acquiesçant avec sincérité la pertinence des propos. Ses innombrables rencontres lui ont appris que la Vérité, celle avec un grand V, existe seulement dans l’esprit de gens arrogants et des fanatiques religieux. La Vérité est fluide. Elle se déploie en diverses couleurs comme la lumière à la sortie d’un prisme. L’argumentation d’Hayley Henry concourt à cet éclairage, au même titre que ceux des philosophes, des scientifiques et des politiciens.
Le regard céruléen d’Ezra ne renvoie qu’intérêt, gratitude et enthousiasme aux yeux qui le contemplent.

— Je vous remercie de votre franchise, mademoiselle Henry. Votre approche de l’éducation sexuelle est à la fois cohérente et concrète. C’est une pierre de plus à un immense édifice que notre société s’emploie à bâtir. Je suis certain qu’elle aidera des parents, et même leurs enfants, à se faire leur propre opinion à ce sujet. Le pire serait certainement de l’ignorer, car aujourd’hui, avec l’accessibilité d’internet, c’est devenu l’affaire de tous.

Une ampoule s’allume dans le crâne d’Ezra.

— D’ailleurs, vous serez sans doute ravie d’apprendre qu’à la rentrée prochaine, la Relationship and Sex Education sera étendue à toutes les écoles du Royaume-Uni. Ce programme existait déjà, mais confiné à un nombre limité d’établissements et sur des enseignements pas toujours standardisés. Sa généralisation était prévue pour septembre 2020, mais le contexte… hum… particulier de cette année a bousculé sa mise en place.

D’un geste vif, le journaliste glisse une main dans la veste de son costume. Elle en ressort avec un carnet Molestine aussitôt ouvert. Sous la mine réjouie d’Ezra, les petites pages défilent à toute vitesse sous les doigts experts.

— J’ai effectué quelques recherches avant de venir, et… voilà !

Le journaliste s’illumine comme un sapin de Noël. Sans autre forme de procès, il déchire une page noircie de notes et la plaque sur le bureau de la directrice (lien).

— Voici quelques références utiles sur la RSE. C’est à la mère d’une petite fille, bien plus qu’à la femme d’affaires, que votre humble messager les confie. Les rapports parlementaires sont souvent nébuleux pour les non-politiciens, mais vous trouverez là des documents très compréhensibles.

Ezra n’en dit pas plus. Hayley Henry n’est pas une mère comme les autres, spécialement quand il s’agit d’aborder les thématiques sexuelles.
Cette interview risque de soulever de nouvelles interrogations, peut-être des inquiétudes dans l’esprit de la maman quadragénaire. Ces documents apporteront des réponses claires à certaines d’entre elles.
Ce qu’elle en fera ne concerne aucunement le journaliste. Ezra se complait dans son rôle de pourvoyeur d’informations, de conteur d’histoires, comme Hayley Henry dans celui de reine du Paradis.

Une reine qui semble apprécier l’exercice de l’interview, à l’instar de la plupart des monarques. Elle joue cependant la carte du mystère au sujet de son prochain livre. Les femmes… songe Ezra en roulant des yeux. Loin de l’agacer, ces zones d’ombre ont toujours eu pour effet de stimuler son intérêt et sa curiosité.
Tant pis pour le scoop sur le prochain livre de l’auteure. L’info aurait merveilleusement glissé en fin d’article, mais il fera sans. Un journaliste qui refuse de capituler est aussi lourdingue qu’un dragueur insistant. Ezra méprise ces comportements de goujat. La mauvaise réputation de sa profession auprès des célébrités tient sans doute, au moins en partie, à cette manie d’arracher les informations coût que coût.
Face à une impasse, Ezra contourne et emprunte un chemin adjacent :

— Nous avons évoqué votre passé, votre travail, votre statut de mère. Revenons maintenant à la femme que vous êtes aujourd’hui, et celle que vous serez demain. Avez-vous des projets qui vous tiennent à cœur et que vous souhaiteriez partager ? Comment imaginez-vous votre vie en 2030 ? Quels sont vos espoirs pour l’avenir ? Quelles actions avez-vous l’intention d’entreprendre pour qu’ils se réalisent ?


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Hayley Henry
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Lun 17 Mai - 19:02

Queen of Paradise
L’éducation sexuelle, c’est important. Ça peut aider les jeunes filles à ne pas perdre leur virginité sur un coup de tête avec un mec pour qui il n’y a que leur hymen qui importe, et aux jeunes hommes à ne pas complexer de ne pas durer une demi-heure et de ne pas être monté comme Rocco, par exemple. Ouais, c’est important, mais ce n’est pas rôle à moi. Il n’y a qu’à Alicia que je me sens légitime d’enseigner quelque chose. C’est ça, mon rôle. Evidemment, elle est encore bien trop jeune pour se poser des questions sur le sexe et sur la sexualité en général mais je sais bien que ça arrivera, peut-être même plus vite que je le voudrais. Elle m’a déjà demandé comment on faisait les bébés, bien sûr. La question classique. Je lui ai expliqué comme j’ai pu les choses sans trop entrer dans les détails. Vous imaginez bien le truc. Je lui ai aussi un peu parlé de ce que c’était que l’amour ; même si nous-mêmes, les « grandes personnes » avons tant de mal à le définir, n’est-ce pas ? Enfin disons plutôt que je lui ai expliqué, dans des termes qu’elle pouvait comprendre, ma bisexualité. Il fallait bien lui dire à un moment, non ? Du coup, c’est acquis et normal pour elle que maman peut autant avoir des « amoureuses » que des « amoureux ». Et c’est très bien comme ça, parce que ça l’est, « normal ».

A propos de sexualité et de relations amoureuses, le journaliste me parle rapidement de la généralisation d’un programme éducatif censé éclairer un peu plus nos chères têtes blondes sur ces sujets complexes. C’est une bonne chose. Certains ne seraient pas d’accord avec moi sur ce point, mais ça reste à l’école d’éduquer sur ce genre de trucs. Au moins en partie - le rôle des parents et autres tuteurs légaux reste très important. Et pas que sur ça. Disons simplement que l’éducation d’un enfant se partage entre les deux : l’école et les parents, et que ces deux parties sont aussi importantes l’une que l’autre. Enfin, c’est sûrement une évidence ça, j’enfonce des portes ouvertes.

« J’ai effectué quelques recherches avant de venir, et … voilà ! », reprend Ezra en posant une page déchirée d’un carnet sur mon bureau. C’est comme s’il avait tout prévu, qu’il savait que notre discussion mènerait à ça. Bah, ne soit pas naïve Hayley, bien sûr que c’était prévu ! même s’il n’est pas exactement comme ses confrères, il reste un journaliste. Il a écrit ses questions en avance, sans doute anticipé quelques-unes de mes réponses pour savoir comment rebondir. Je ne lui en veux pas, c’est son métier. Et il a le mérite d’avoir des questions intéressantes, de me laisser parler sans m’interrompre … ce n’est pas le cas de tout le monde. « Voici quelques références utiles sur la RSE », poursuit le journaliste. « C’est à la mère d’une petite fille, bien plus qu’à la femme d’affaires, que votre humble messager les confie. Les rapports parlementaires sont souvent nébuleux pour les non-politiciens, mais vous trouverez là des documents très compréhensibles. » Oh, eh bien … merci j’imagine. Ça pourrait être intéressant pour moi de m’y pencher. Avec un sourire, je lui réponds : « Merci. J’y jetterai un œil dès que nous aurons terminé. »

Car notre entretien ne touche pas encore à son terme, même si on s’en approche doucement. Monsieur Cooper a bien du mal à cacher sa déception lorsque je reste vague sur mon potentiel prochain livre. Que je suis bel et bien en train d’écrire, mais je ne vais pas lui en dire plus pour le moment. Sauf s’il insiste, ce qui ne semble pas être dans sa nature. Je sais que ce n’est pas très intelligent de ma part car il ne faut jamais dire non à un peu de promotion, mais tant pis. J’évite que ça envoie le mauvais message, qu’on pense que j’ai accepté cette interview pour faire ma promo. Parce que ce serait faux ; j’ai accepté parce qu’Ezra Cooper … vaut le coup, quoi que ça veuille dire.

« Nous avons évoqué votre passé, votre travail, votre statut de mère. Revenons maintenant à la femme que vous êtes aujourd’hui, et celle que vous serez demain. Avez-vous des projets qui vous tiennent à cœur et que vous souhaiteriez partager ? Comment imaginez-vous votre vie en 2030 ? Quels sont vos espoirs pour l’avenir ? Quelles actions avez-vous l’intention d’entreprendre pour qu’ils se réalisent ? », demande le journaliste, changeant de sujet. Ces questions sont un peu plus … ordinaires que d’habitude, mais qu’importe. Elles sont importantes. Alors … réfléchissons … des projets qui me tiennent à cœur … des espoirs pour l’avenir … hum.

« J’ai quelques projets personnels qui me tiennent à cœur oui, même si je pense pas qu’ils soient très intéressants. Pour commencer j’aimerais bien déménager, pour une maison. S’il y a des agents immobiliers parmi vos lecteurs … », fais-je avec un léger rire. J’aime mon appartement actuel, il est assez spacieux et me convient tout à fait mais j’aimerais bien avoir un jardin. Peut-être même une piscine, soyons fous, mais si ça a un intérêt assez limité dans pays assez peu ensoleillé comme le nôtre. « Du côté professionnel, eh bien j’aimerais que Paradise Production continue à se développer, naturellement. Qu’elle devienne le numéro un dans le domaine du divertissement pour adultes. Et qu’on continue à donner du plaisir aux gens ! J’aimerais également que nous développions un peu plus encore la branche sextoys et surtout lingerie de l’entreprise. » La lingerie sexy, c’est encore relativement nouveau chez Paradise. Mes prédécesseurs avaient jugé de bon se cantonner uniquement aux pornos et aux jouets. « Sinon, comment je m’imagine en 2030 ? Eh bien … », je reprends après m’être arrêtée quelques secondes de parler pour réfléchir. « Je ne me projette pas aussi loin, mais j’aimerais à continuer la vie que je mène. J’espère que je serai toujours à la tête de Paradise. Et qu’Alicia sera devenue une bonne personne, que je ne l’aurai pas trop mal éduquée, ha ha. »

J’ai hâte de voir la jeune femme qu’elle deviendra. A quoi elle ressemblera, ce qu’elle pensera, quelles seront ses points de vue sur diverses choses … mais dans le même temps, je n’ai pas envie que ce temps vienne trop vite. On a tellement de souvenirs à se créer ensemble avant, de choses à vivre. Je ne veux pas la voir grandir trop vite. J’ai déjà parfois du mal à réaliser qu’elle n’est plus ce petit bébé d’il y a quelques années, ce minuscule être de chair pour qui j’avais décidé de changer de vie.

« Et surtout, je veux continuer à être heureuse », conclus-je avec un sourire. Quelle niaiserie de ma part … mais au fond, c’est ça le plus important, non ? Être heureux, putain.  

code par drake.
Ezra & Hayley
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Anonymous
Dim 23 Mai - 9:31

Ezra Cooper a écrit:
« Pour commencer j’aimerais bien déménager, pour une maison. S’il y a des agents immobiliers parmi vos lecteurs … »

Ezra se fait une représentation mentale assez claire du pied-à-terre que vise la directrice de Paradise Production. Londres, où le prix au mètre carré compte parmi les plus élevés de la vieille Europe, est aussi le socle de Buckingham et d’autres joyaux que s’arrache l’élite du pays. À l’ombre de ce faste d’une autre époque s’étendent maintes résidences chic pour hommes et femmes d’affaires. Des gens comme Hayley Henry qui ont réussi sans une goutte de sang. Des comptes en banque à sept ou huit chiffres. En tout cas, le million de livres est un minimum pour qu’une famille vive vraiment bien dans un habitat individuel.

— Je crois que vous aurez plus de chance de trouver conseil auprès d’une agence de Kensington, s’amuse le journaliste.

Et contrairement à Cendrillon ou d’autres nanties de Londres, la jolie blonde qui lui fait face ne renvoie pas du tout l’image d’une aristocrate. Reine en son monde, certes, mais sans l’aura de supériorité désuète que dégagent les autres monarques.

« Du côté professionnel, eh bien j’aimerais que Paradise Production continue à se développer, naturellement. Qu’elle devienne le numéro un dans le domaine du divertissement pour adultes. Et qu’on continue à donner du plaisir aux gens ! J’aimerais également que nous développions un peu plus encore la branche sextoys et surtout lingerie de l’entreprise. »

Elle a de l’ambition. Une ambition saine, de surcroît ! Ezra opine, avec une expression satisfaite qui se démarque de la neutralité communément attribuée au journalisme.
L’industrie pour adultes, comme beaucoup d’autres, est peuplée de requins. Derrière les murs opaques des studios ont lieu des pratiques iniques.  Des scandales retentissants ont terni l’image déjà peu glorieuse de plusieurs sociétés occidentales. Des cas d’abus, de détournements, qu’on suppose beaucoup plus répandus dans les pays au fonctionnement opaque.
Paradise Production, en revanche, est dirigé par une femme du milieu avec une éthique plus rigoureuse. Si l’entreprise de Hayley Henry se hisse à la première marche du podium, elle deviendra un modèle. Le fer de lance qui entraînera ses concurrents. Du moins, Ezra se plaît à l’espérer.

— Nous avons hâte de découvrir vos futures créations, en particulier la lingerie. Vous avez déjà de superbes modèles pour les exposer…

Le regard d’Ezra s’élève vers le plafond alors qu’il se remémore les récentes photos et vidéos qu’il a visionnées. Pour le travail, évidemment.
Si les sextoys du groupe bénéficient d’un opportun placement produit dans les films X, au même titre que Coca-Cola finance ses apparitions dans les blockbusters américains, la lingerie représente un plaisir plus accessible. Les articles s’adressent très majoritairement aux femmes, toutefois il s’agit d’un outil de séduction puissant et universel. Tous les partenaires, féminins comme masculins, raffolent de ces merveilleux révélateurs de la beauté féminine.

— Voilà une annonce qui va provoquer des sueurs froides chez vos concurrents, et sans aucun doute ravir les lecteurs. Nous avons tous une nouvelle flamme à embraser ou une vie de couple à pimenter.

Ezra remue sur sa chaise alors que d’agréables souvenirs personnels défilent dans sa tête. Des tenues coquines et aguichantes qui avaient accéléré son rythme cardiaque d’une manière démesurée. Un de ses collègues journalistes fantasme sur les scènes de gonzo.
Qu’il s’agisse de clips, de sextoys ou de lingerie, Paradise Production démocratise des produits qui donnent du plaisir aux gens. Encore une revendication percutante que le journaliste devra placer à un moment clé son article. Ezra le note dans un coin de sa tête pendant que la patronne et mère décrit sa vision de l’avenir.

Ezra écoute avec attention, sent que sa besace est à présent remplie. Il pourrait poser mille autres questions, mais celles-ci brouilleraient les puissants messages qu’il désire transmettre.
Le journaliste se penche en avant, pianote l’écran de son téléphone et coupe l’enregistrement. Relevant ses yeux clairs sur Hayley, la voix masculine emprunte le ton de la confidence.

— De vous à moi, je pense que la normalité de vos projets et de vos ambitions rassureront les gens. Les lectrices en particulier, mais aussi les lecteurs, se reconnaitront en vous. C’est souvent nécessaire lorsqu’on dresse le portrait de personnalités « hors normes » comme vous. Cela renforcera l’un des messages essentiels de votre témoignage : les membres de l’industrie pour adultes sont des gens comme les autres, avec des rêves et des désirs semblables à notre voisin de palier. Au fond, hormis une minorité d’esprits fantasques ou dérangés, nous sommes tous portés par les mêmes aspirations. Ceux qui désirent, qui espèrent vous ranger dans une case à part seront très déçus.

Ezra adresse un sourire entendu à sa vis-à-vis. Certains esprits récalcitrants ne réviseront jamais leur jugement archaïque sur l’industrie du sexe et les personnes qu’elle emploie. Des femmes et des hommes qui, chez Paradise Production, mènent une vie ni plus ni moins honnête que les autres et paient leurs impôts. L’évolution des consciences, la marche du progrès n’attendra pas ces dinosaures.
Le journaliste se lève, une authentique expression de ravissement sur le visage.

— Je vous remercie beaucoup de m’avoir accordé un peu de votre temps, mademoiselle Henry. Je vous ferai bientôt parvenir mon article, afin de le soumettre à votre validation avant de publier.

Cela permettra d’éviter les possibles méprises et incompréhensions du journaliste, mais aussi de trancher ou compléter des informations.
Ezra vérifie rapidement que l’enregistrement a bien fonctionné, puis range l’iPhone dans la poste intérieure de sa veste.

— Si vous êtes partante, je vous donne rendez-vous en 2030 pour une nouvelle interview. Nous verrons alors si vos projets se sont réalisés… ou peut-être nous reverrons-nous avant pour discuter d’un livre, qui sait ?

Ezra se fend d’un sourire en coin, referme les boutons de sa veste.

— Encore merci pour le Glenfiddich. Je n’en avais pas bu de cette qualité depuis Noël 2018.

Il tend la main à la quadragénaire.

— Ce fut un plaisir de vous rencontrer. J’espère que vos vœux se réaliseront, et vous souhaite de vivre longtemps le bonheur qui vous accompagne. Votre fille a de la chance de vous avoir pour mère.

À maintes reprises, le journaliste a pu constater que réussite et parentalité forment un ménage difficile. Hayley Henry, pourtant seule avec Alicia, a pourtant l’air de réussir admirablement. Une femme inspirante à de nombreux égards… encore un point que je vais devoir souligner dans mon article.


@Hayley Henry
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