take on me

Tu flottes et tu planes Ander. On dirait que tu viens de te réveiller en vrai, les yeux bleus qui papillonnent sous les néons fous de la boîte de nuit. Ou du bar. Tu sais plus trop, maintenant, ils font tout en un. Et c'est tant mieux parce que t'as toujours aimé ça toi, le tout en un. Pas besoin de s'éparpiller trop, la nourriture, la baise et le dodo sont tous regroupés au même endroit. T'as jamais été bon pour retrouver les choses égarées. Tu fais tout en même temps. Oui, c'est bien que tout soit réunis au même endroit, au même moment.

Bière à la main tu vivotes entre la foule humaine. Des milliers de têtes que tu connais pas, que tu connaîtras peut-être jamais. Tu souris à chacune d'entre elles, toutes ces autres avec qui t'auras jamais le temps de t'engueuler parce que la vie ça passe trop vite. Sous une bousculade d'épaule accidentelle et anonyme tu penses soudain à Paz, ton flic préféré qui peut pas te voir en peinture. Il te préfère avec des barreaux autour et des menottes aux poignets, lui. T'oses pas trop dire Ander mais sa queue à lui te fait envie. Tu sais qu'elle est grosse, chargée à bloc, frustrée. C'est ton flair qui te le dit. Maintenant comment faire pour calmer tes envies... Y a bien Marlane que tu pourrais appeler, elle rappliquerait viteuf, deux secondes top chrono. Ou bien Cleo. Ou bien Willa. Tout le monde en fait. Mais c'est pas d'un vagin dont t'as envie ce soir. Ce soir tu veux...

-- Hep, salut garçon. La vie ça roule ? Attends, j'te sers un verre. Un p'tit mojito ça t'dit ? T'as une gueule à aimer les mojitos toi.

Cul largué sur le premier tabouret venu, tu lèves l'index pour appeler le barman en vitesse, lequel répond présent. Deux verres servis, tranche de citron vert plantée en bord de récipients. T'aimes. Tant pis pour la bière. Tu lèves ta boisson nouvellement acquise vers ton copain de ce soir. Plutôt grand, baraqué, poils fournis au menton. L'arcade sourcilière proéminente, il pue le mâle à vingt-mille kilomètres. Genre le mâle qui lèche que de la chatte. T'as sûrement putain de mal visé ton coup mais osef tu trinques avec celui que tu devines déjà être un bourreau des cœurs. Tout autour y a du monde, c'est la nuit, c'est la folie. Des luminescences partout, ivresse générale, liesse commune. Et pourtant tu crées tranquillement ta bulle de calme avec ton bûcheron sorti de nulle part.

-- C'est quoi ton nom ? Un truc nordique ?

Semaine très très fructueuse, départ de vacances.... Les péter de thunes t'amènent leurs quatre voitures pour faire la révision avant de partir, tout en glissant un billet pour le bon travail. T'es une pute après tout, tu fais ce que les gens veulent pour de l'argent. Puis... Tu craches pas sur l'argent... mais ce soir, vu la semaine de ouf. Tu vas te mettre une murge du Seigneur, Charlemagne en personne va te balancer sa couronne en te demandant de prendre ça place. T'étais arrivé dans la boîte, t'avais dansé, fait le con... Tu t'étais posé au bar avec une donzelle, une brune bien mignonne que tu veux piner... Tu lui as fait le baratin, t'avais déjà un gramme et demi dans chaque œil a ce moment la.

Elle part pisser... C'est à ce moment là que tu avais décidé de t'allumer un cigare, un robusto d'une maison Nicaraguayenne, fumée lourde et odeur forte. Ta hâte de te casser pour niquer, t'es plein... Bref. T'avais enquiller ton nouveau verre de whisky. Avant de te faire emmerder part un gamin blond, ta pas l'temps de dire quelque chose qu'il ta commander un mojito.... Ok. Toi ta décidé de me pourrir la soirée.

'' Ouais ça roule vu que j'suis dans la mécanique. ''

Sourcille que tu hausses, tu l'observes.... Ok. Tu va faire l'effort de lui parler et tu te casseras quand ta copine du soir serra la. Tu tires une latte sur le barreau de chaise qui orne tes lèvres avant de la soufflé au ciel.

'' J'ai p'être la gueule de nordique, mais j'suis gitan mon gars. Merci pour le verre, et moi c'est Daryl au passage. et toi ? ''

Tu viens claquer ton verre contre le tien, avant de prendre le cigare entre tes doigts et boire un bon quart du rhum contenu. Le posant sur le bar.

'' ça t'arrive souvent d'accoster des inconnus et leurs proposé un verre comme ça ? ''

Curieux que tu es. T'sais pas pourquoi, mais tu sens que la soirée va prendre un nouveau tournant quand à ton nouvel ami du soir... Simple intuition. Tu l'écoutes du coup, monstre patient que tu es. Jetant part moment un regard vers les chiottes, tu vois bien la brune... Se faire la malle. Tu te léveras pas, tant pis. T'aura la bite sur l'épaule ce soir et ça serra aussi bien, tu reportes ton regard sur le blond en face de toi, dégommant ton mojito sans pitié.

Wow, il dégage un sacré truc ce bonhomme. Genre vrai bonhomme ouais. Tu regardes ça de plus près, sans aucune discrétion. Tu le vois bien jouer dans une série coriace genre Vikings là. La tresse et la coupe rasée ça lui irait à merveilles.

-- Ouah, super le jeu d'mots... Je note.

T'es sérieux en plus. Encore une blague que tu pourras sortir à Rosa. Elle déteste ton humour mais juste parce que t'aimes faire chier tu continues de nourrir ton carnet de vannes pourries.

-- Tu répares des grosses cylindrées alors ?

En vrai ça te fait marrer, évidemment tu peux pas t'empêcher de l'imaginer le genou posé au sol en train de faire tourner la clé dans sa combine bleue électrique et la peau tâchée. Combien de bagnoles et de deux roues il a retapé ? Est-ce qu'il baise à l'arrière des voitures ? Trop de questions, t'as pas le temps de demander, tant pis tu noies ta peine dans ton cocktail. Slurp.

-- Ander. Sympa d'te connaître, Daryl. Moi chuis chanteur... Je crée aussi... J'écris. Je fais de la poésie pour les projecteurs. J'ai sorti mon nouvel album le mois dernier...

C'est même posté sur Youtube. T'es fier un peu parce que internet et les réseaux sociaux c'est clairement moins ton domaine, toi le monde virtuel t'y connais pas grand-chose, tu préfères voir et toucher les choses. Mais bon maintenant l'argent il passe aussi par les écrans donc autant s'adapter à cette époque informatisée. Au moins comme ça tes concerts sont éternels.

-- Eh ouaip. J'aime saluer les gens qui dégagent quelque chose d'intriguant. T'attendais quelqu'un ? Ou j'ai p't'êt' piqué la place... Huh.

Et ce serait pas la première fois que ça arrive.

Ton œil lorgne un coup sur ton verre, un coup sur le blond en face de toi. Tu l'observes bien, et ça te fait mal de l'avouer pour le coup.... Mais il est plutôt mignon. Bordel Daryl, tu va pas finir PD ?! T'es un consommateur de meufs d'habitude. Tu viens enquillé un peu plus du mojito, bordel que la menthe t'aime pas ça.

'' Et encore, ta rien vu. Bourré j'suis un phénomène quand j'commence a blagué. ''

Le fait qu'il parle de grosse cylindré t'arraches un sourire. Tu penses directement au fait qu'il parle d'une queue, m'enfin... T'enquille la fin du mojito pour passer ses putains de pensée. Tu tires une nouvelle latte sur ton cigare, fumée que tu souffles au-dessus de ta tête pour pas empesté le gamin.

'' Ouep. Auto moto camion, j'touche a tout. ''

Et en plus il crée de la musique... C'est qu'il pourrait t'intéresser le gamin. Chanteur, écrivain... Ta toucher le gros lots... Et en plus connu. Vu qu'il poste des albums, mais bordel. À défaut de baiser ce soir, s'il touche pas mal de thune il va pouvoir te rincer la gueule.

'' Ah ouais ? Sympas aussi d'te connaître. J'chante et j'suis un bon joueur de gratte... Donc entre musiciens on peut s'comprendre. ''

Tu lui lâches un sourire, quelqu'un d'intriguant... Mon dieu si tu savais. Y'a des gens bien plus intriguant, t'es juste un gitan.

'' Intriguant que tu dis ? T'peux passer ton chemin tu sais, j'suis loin d'être intriguant... J'suis juste un gitan qui cherche à survivre dans un Londres qui n'es pas ça patrie natale. ''

Nouvelle bouffée tirée sur le barreau de chaise entre tes lèvres.

'' J'attendais quelqu'un qui est partit au chiotte et qui viens de partir parcequ'elle a profité des thunes que j'ai durement gagner pour me laisser payer. Donc.... Ta pris la place de personne. ''

Tu fais signe au barman de mettre des shots de quelque chose de plus fort, genre du whisky. Une fois servis, tu viens l'attraper et le tendre devant Ander.

'' A une fabuleuse soirée qui risque de partir en couille à cause de l'alcoool. ''Tu comptes ce soir boire plus que raison, seul ou pas... À partir de la, il est prévenu. Tu comprendras s'il veux partir.

-- Eh bah mec. On va rapidement se bourrer la gueule qu'est-ce que t'en dis ?

Ton sourire en dit long. Suffisamment. T'as à peine fini d'emballer le cocktail que le Daryl renchérit sur du whisky. Okay, tu vois le genre. T'as visé haut cette fois, ce sera pas facile. Ou peut-être que si... Tu sais pas. Toujours est-il que tu peux pas t'empêcher de réduire de plus en plus la distance qui te sépare du tabouret voisin, histoire que monsieur t'entende ronronner. Toi clébard, seule capacité que tu aies hérité du félin.

-- Bon à savoir que tu touches à tout, j'ai bien envie d'voir ça.

Sans déconner, ça t'interpelle. Tu veux le voir tourner la clé dans ses mains, cogner dur, rouler sous le ventre des véhicules. Tu t'es toujours dit qu'un métier pouvait traduire les compétences d'une personne une fois au pieu. Genre les musiciens, les pianistes. Oh bordel ce qu'ils doivent avoir un bon toucher. L'excellence à son paroxysme. Si on peut faire vibrer les cordes pour créer des sons aussi merveilleux, alors pourquoi pas quand il s'agit de remuer un clito ou la bite ? Daryl le guitariste.

-- On pourra s'faire des duo s'tu veux. J'suis dispo et sur Deezer et sur Spotify, j'aime me répandre partout.

En vrai tu prends des cours d'orthographe avec une prof d'anglais, mais ça il faut pas dire, c'est ton petit secret. Clin d'œil au Daryl dont les muscles saillants transparaissent sous son haut. Oh damn, la dernière fois que t'as eu droit à un mec massif comme ça c'était... Oh, dear lord. Paz. Amour de ta vie. Même s'il en a encore aucune idée. La fumée qui flotte au-dessous de ta tête te ramène sur terre. Le cigare qui encombre les lippes de Daryl a quelque chose de viril, cow boy. T'en prends rarement des aussi gros. Sans mauvais jeux de mots.

-- Tu m'impressionnes mon grand. Moi si j'étais propulsé hors de mes contrées natales je... J'sais pas ce que je ferais. P't'êt' je ferais les poubelles. Ou bien je me laisserais porter de lit en lit.

C'est ce que tu fais déjà à Londres en vrai. Ta queue suit le fil d'Ariane de l'entrejambe de tes partenaires, c'est comme ça que t'avances depuis la naissance. Fin, depuis que t'es capable de baiser. Daryl lui a perdu son Ariane, qui semble s'être faite la malle pendant une minute d'inattention. Cette révélation te tire une mine chagrinée, mais dans le fond t'es pas vraiment triste. Juste intéressé.

-- Oh c'pas cool ça... Hmm... J'suis une bonne compagnie moi, on va rattraper le cu... Le coup.

Et tu trinques.

-- À la fabuleuse soirée... eeet... tout c'qui va avec.

Tu trempes les lèvres dans la boisson alcoolisée, ça te brûle délicieusement l'œsophage. Même un peu éclaté t'arrives quand même à réfléchir. Comment que tu vas faire ce soir. Est-ce que Daryl il... Il aime les... Ou bien... Mais peut-être que tu pourrais... Et s'il préférait quand ça...

-- T'inquiète j'te paye le prochain.

T'as chaud aux joues. Chaud à la tête. Chaud au bide... Des petits papillons qui commencent à naître tout doucement. Mince, faut pas, t'es encore au comptoir Ander.