Put me the handcuffs

Lukas était attablé et observait la scène: une famille fêtait l'anniversaire de leur enfant, le père est un homme, un gestionnaire de fonds, basé à la City bien sûr. À côté de leur table, un homme d'un certain âge, un peu corpulent, chauve, au regard bleu clair, en chemise, tablier à la taille, jouait du violon pour eux. On ne le dirait pas, mais ce vieil homme est encore plus riche que ce gestionnaire de fonds et il n'est pas que le propriétaire de ce restaurant.

Une nouvelle venue attire le regard du brun ténébreux et de l'autre type à sa table. Lukas lâche aussitôt quelques mots à voix basse, en russe. On assigne à la demoiselle une table à ce restaurant chic de cuisine russe. Si Lukas sait que c'est une policière, enquêteur même, c'est parce qu'elle l'a déjà interrogée au poste pour un vol qu'il n'avait, bien sûr, pas commis. Reste à savoir si elle est venue ici pour le petit ou le gros poisson.

Toujours sûr de lui, pour ne pas dire arrogant, Lukas est ce gamin à qui, si on donne des allumettes, il mettra le feu à la grange juste parce qu'il le peut. Le danger le tente toujours et puis la constable (ou peu importe son grade) Morgan n'est pas désagréable à regarder non plus. Encore quelques mots de russe à son camarade et Lukas profite que le violoniste ait fini sa pièce et se mérite quelques applaudissements pour se lever et rejoindre la table de la policière, prenant place en face d'elle: sans un mot, sourire aux lèvres, un sourire qui s'estompe alors qu'il la toise un peu plus attentivement. Puis, il prend un air plus détendu.

-Salut, tu me reconnais? On a passé une soirée ensemble l'autre jour.

Si on peut qualifier se faire interroger de "passer une soirée ensemble". N'empêche, on peut le traiter d'arrogant, mais il faut un sacré culot à une femme comme elle pour mettre les pieds ici. Bon, vrai qu'à une autre table un peu plus loin, il y a un juge et sa femme, mais celui la est un habitué.